Non-chapitre


Liolia (Olga) Gourevitch, 1947 (?)











Sans date, écrit après 1944 et le retour d’évacuation.

Adressé à Berta Leontievna Gourevitch, la mère de son mari qui vivait à part.



Chère Berta Leontievna,

Je suis venue vous parler, mais Lionia n’en sait rien et j’aimerais que cela reste entre nous…

Cela ne m’a pas été facile – c’est que je suis très fière, mais j’ai beaucoup réfléchi ces derniers jours et décidé que je me devais de faire cette démarche. Je suis venue vers vous avec un cœur pur. Il m’est très pénible d’avoir été la cause de notre effroyable conversation. Je ne voulais pas vous offenser, simplement je me sens affreusement mal, ces temps-ci, mes nerfs sont complètement détraqués, et j’ai trouvé vexant que Lionia ne m’ait pas consulté. Bah, la belle affaire ! J’ai honte de ce qu’une chose aussi insignifiante ait suscité autant d’amers reproches, qui plus est immérités pour l’une comme pour l’autre.

J’ai tout oublié de ce que vous avez dit, et je vous prierai instamment d’oublier ce que j’ai dit…

La vie est déjà suffisamment dure pour ne pas la charger encore d’inutiles querelles.

Vous n’avez qu’un fils et qu’une petite-fille, je n’ai qu’un mari et qu’une fille, et je pense que le sens de la vie est, malgré tout, de donner de la joie à ses proches.

Je suis venue faire la paix avec vous.

J’espère que vous n’interpréterez pas mal ma démarche et trouverez en vous un peu de chaleur pour moi aussi…

Malheureusement, vous n’étiez pas chez vous, aussi ai-je dû déparer les fournitures que vous aviez préparées pour votre courrier.

Je ne veux rien ajouter – je m’en vais, emportant l’espoir que vous serez parmi nous en cette nouvelle année.

Permettez que je vous embrasse.

Liolia


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