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Alors que les cadavres de Joseph et de Magda Goebbels, ce 1er mai 1945, demeurent à demi calcinés dans les jardins de la Chancellerie commence la mise au tombeau du IIIe Reich.


Radio Hambourg, après un roulement de tambour, diffuse le communiqué suivant :

« Notre Führer, Adolf Hitler, luttant jusqu'à son dernier souffle contre les forces bolcheviques, est tombé pour l'Allemagne, cet après-midi, à son QG de la Chancellerie du Reich. Le 30 avril, le Führer avait désigné le grand amiral Doenitz pour lui succéder. Le grand amiral et successeur du Führer va maintenant s'adresser au peuple allemand. »


À 22 h 20, le nouveau président du Reich évoque la « mort héroïque du Führer » puis déclare :

« Mon premier devoir est de sauver l'Allemagne de la destruction par l'ennemi bolchevique qui continue son avance. Dans ce seul but, la lutte militaire continue. Tant que ce résultat sera contrarié par les Britanniques et les Américains, nous serons obligés de les combattre également. Dans ces conditions, les Anglo-Américains se battront non pour leur peuple, mais pour la propagation du bolchevisme en Europe. »


Doenitz dévoile sa stratégie : permettre aux soldats qui se battent contre l'armée Rouge de se replier vers l'ouest, de déposer les armes entre les mains des Anglo-Américains et d'éviter ainsi d'être faits prisonniers par les Russes.


En Italie du Nord, en Autriche et en Bavière, en Allemagne du Nord-Ouest, au Danemark et aux Pays-Bas, le général SS Wolff - pour l'Italie, - le Feldmarschall Kesselring négocient - avec l'accord de Doenitz - la capitulation de leurs armées, que les Anglo-Américains acceptent.

Cette attitude entraîne les protestations des Russes qui exigent une capitulation totale, inconditionnelle. Eisenhower, fidèle à l'alliance russo-américaine et aux accords de Téhéran et de Yalta, adresse un ultimatum au général Jodl :

« Je dis au général Smith d'informer Jodl que, s'il ne cessait pas son petit jeu de mesures dilatoires, je bloquerais tout le front allié, ce qui interdirait l'entrée de nos lignes à tous les réfugiés allemands. Je ne voulais plus supporter de délais. »


Mais 1 800 000 soldats allemands ont pu se rendre aux Anglo-Américains plutôt qu'aux Russes et des millions de réfugiés des régions de l'Est ont gagné l'Ouest.


Cependant, l'heure est venue de la mise au tombeau.

Elle a lieu dans une petite école de Reims en brique rouge, siège du Grand Quartier Général d'Eisenhower. Le général François Sevez représente la France.

L'Allemagne capitule sans condition le 7 mai 1945, à 2 h 41 du matin.

Jodl demande à prononcer quelques mots.

« Par cette signature, dit-il, le peuple allemand et les forces armées se remettent - pour le meilleur ou pour le pire - entre les mains de leurs vainqueurs... En cette circonstance, je ne peux qu'exprimer mon espoir de voir le vainqueur les traiter généreusement. »


Staline a le sentiment d'avoir été berné.

Il veut bien considérer la signature de Reims comme les préliminaires de la « vraie » reddition qui sera signée à Berlin-Karlshorst, le 8 mai 1945, siège du Grand Quartier Général de Joukov.

Les armes doivent se taire le 8 mai à 23 heures. La capitulation inconditionnelle du Reich, de l'État allemand doit intervenir le 5 juin 1945.


Pour les nations vaincues, humiliées par la victoire allemande de 1940, violentées par l'occupation nazie, souillées par la collaboration, cette mise au tombeau du IIIe Reich marque le signe de leur renaissance.

Et d'abord pour la France, que les Américains et Staline ont voulu tenir à l'écart.


La 2e DB de Leclerc est à Berchtesgaden. Et Leclerc offre à de Gaulle... le sabre de Hitler.

De Gaulle veille à ce que la France soit représentée lors de la signature - à Reims d'abord puis à Berlin - des actes de reddition.

Il dicte un télégramme pour le général de Lattre :

« Je vous ai désigné pour participer à l'acte solennel de la capitulation à Berlin. Il est prévu que seuls le général Eisenhower et le représentant du commandement russe signeront comme parties contractantes. Mais vous signerez comme témoin. Vous devrez en tout cas exiger des conditions équivalentes à celles qui seront faites au représentant britannique, à moins que celui-ci ne signe pour Eisenhower. »

Sa voix n'a pas tremblé, et pourtant il lui semble que tout son corps frissonne. La France est à la table des vainqueurs !

Combien étaient-ils, autour de lui, le 18 juin 1940 ?


Il revoit ces premières heures. Il retrouve les mots de Churchill.

Quels que soient les péripéties et les conflits qui ont suivi, il n'oubliera pas.

Jamais.

Il est ému. Il a la gorge nouée. Il dicte d'une voix rauque un télégramme pour Churchill.

« Au moment où le canon cesse de tonner sur l'Europe, je tiens à vous adresser ma pensée fidèle d'amitié et d'admiration. Ce qui a été fait ne l'aurait pas été sans vous... »



C'est le 8 mai 1945.

Il y a cinq ans jour pour jour, les divisions de panzers se concentraient à la veille de l'attaque qui allait décider du sort de la bataille de France.

Et maintenant, le maréchal Keitel s'écrie, en voyant le général de Lattre présent dans la pièce où il va signer la capitulation de l'Allemagne :

« Quoi ? Les Français aussi ?! »

Oui, la France est là, surgie de l'abîme ! De Gaulle écrit le texte du message qu'il va adresser aux Français et il a dans l'oreille les phrases qu'il prononçait le 18 juin 1940 :

« La guerre est gagnée ! Voici la victoire ! C'est la victoire des nations unies et c'est la victoire de la France !

« L'ennemi allemand vient de capituler... Le commandement français était présent et partie à l'acte de capitulation.

« Honneur ! Honneur pour toujours ! À nos armées et à leurs chefs ! Honneur à notre peuple que les épreuves terribles n'ont pu réduire ni fléchir... Ah ! Vive la France ! »

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