Josiane et Junior se dirigeaient vers la place Pereire. Chaval leur avait donné rendez-vous à seize heures au Royal Pereire.
Josiane avait prévenu, je viendrai avec mon fils, il a trois ans… C’est obligé ? avait demandé Chaval. Non négociable, avait répondu Josiane.
Ils descendaient la rue de Courcelles tous les deux. Junior, dans sa poussette MacLaren bleu marine, Josiane, drapée dans un long pashmina rose, derrière lui. Elle jubilait et dirigeait la poussette d’une main experte.
— Quel bel équipage nous formons ! s’exclama-t-elle en apercevant leur reflet dans une vitrine.
— C’est exceptionnel, souviens-toi, dit Junior, engoncé dans une veste bleu ciel. Il fixait ses pieds chaussés de bottines décorées d’une tête de lion royal sur le pied gauche et d’un poulpe maigrelet sur le pied droit. Comment peut-on faire porter de telles horreurs à des enfants, mère ? C’est un outrage à leur sensibilité…
— Au contraire, cela les éveille, leur apprend ce qu’est la vie. Le lion et le poulpe… Le lion dévore le poulpe, mais le poulpe, retors et rusé, tente de fuir… L’un a la puissance, l’autre l’habileté. Qui l’emportera ?
Junior préféra ne pas répondre et enchaîna :
— Rappelle-toi ce qu’on a dit… Tu le laisses venir, tu réponds à ses questions de manière évasive, tu le balades, le temps que je me branche sur son cerveau et que je lise dans ses pensées… Au début, il ne se méfiera pas, son esprit sera ouvert, j’y entrerai facilement. C’est quand il commencera à t’exposer son plan que ses neurones s’échaufferont et feront barrière. J’aurai du mal alors à pénétrer ses circuits… On n’a qu’à décider d’une phrase que je te dirai en langage bébé pour te signaler que ça y est, je suis branché… Que penses-tu de Tatamayabobo ?
— Tatamayabobo ? OK, patron !
— Ensuite… Une fois branché, à chaque mensonge qu’il prononcera, je dessinerai un large trait rouge dans la marge de mon livre… Tu n’auras qu’à jeter un œil distraitement en parlant, d’accord ?
— Tatamayabobo, Junior ! Gouzi-gouzi, boum-boum j’exulte, je jubile, je me dilate la rate, je folâtre, je batifole, j’explose ! Je suis la grande duchesse de Hohenzollern et je promène mon petit prince…
Josiane savourait cette nouvelle complicité avec son fils. Ils partaient tous les deux sur le sentier de la guerre sauver leur Gros Loup en danger.
— Parfait, mère ! Mais fais attention, c’est toi qui vas retomber en enfance !
Chaval les attendait. Lunettes de soleil, chemise entrouverte, jean noir serré, santiags noires, fine moustache bien dessinée, rasé de près. L’homme paraissait serein, prospère. Il se flattait l’encolure d’une main manucurée. Josiane se demanda ce que cachait cette insolente désinvolture.
Elle rangea la poussette, prit Junior dans ses bras et l’assit à leur table.
— Ça parle à cet âge-là ? demanda Chaval en montrant Junior du doigt.
— Pas des phrases entières, mais il parle… Et il a un prénom, il s’appelle Junior !
— Salut, mec ! ne put s’empêcher de dire Junior en regardant Chaval droit dans les yeux. Lui non plus n’avait pas apprécié d’être réduit à un « ça ».
— T’as entendu ? sursauta Chaval. Il est ouf, ton gamin !
— C’est l’âge où ils répètent tout ce qu’ils entendent…, affirma Josiane, et elle pinça la cuisse de son fils sous la table.
Junior s’empara du livre que lui tendait sa mère et réclama des crayons de couleur. Kayons couleur, Kayons couleur… Josiane les chercha dans son grand sac. Il hurla qu’il les voulait de suite. On lui avait demandé de se comporter comme un bébé, il le faisait. Les gosses sont si mal élevés aujourd’hui… Une femme à la table voisine jeta à Josiane un regard noir qui condamnait clairement sa manière d’éduquer son enfant. Josiane tendit à son fils les crayons de couleur et il se calma.
Un silence embarrassant s’installa. Chaval regardait Junior avec répugnance. Josiane comptait les secondes qui défilaient et s’impatientait.
— T’attends quoi pour me rincer ? Que les mouches s’asseyent au fond du verre ?
— Tu bois quoi ? demanda Chaval, mal à l’aise face à Junior.
Ce gamin avait une étrange manière de le regarder. Ses yeux le perçaient comme deux tournevis.
— Je vais prendre un thé et un jus d’orange pour Junior…
— Il va en mettre partout !
— Non. Il boit très proprement…
— Dis, c’est normal qu’il soit si rouge ?
— Il dessine, il se concentre…
Junior était en train de pénétrer le cerveau de Chaval. Il avait franchi le corps du fornix et butait sur le septum lucidum, membrane double et fine séparant la partie antérieure des deux hémisphères cérébraux. L’effort le congestionnait, il poussait, poussait comme s’il était assis sur son pot.
— Et ses cheveux rouges, c’est normal aussi ?
— Oui, parce que en fait, c’est un clown… Tu n’as pas remarqué ? répondit Josiane, piquée au vif. Un clown rouge avec des joues rouges, des cheveux rouges, un nez rouge… et si tu le branches, il clignote. C’est idéal à Noël, on économise les guirlandes… Il m’arrive de le louer parfois pour des anniversaires, ça t’intéresse ? Je te ferai un prix…
— Excuse-moi, dit Chaval, battant retraite, je ne suis pas très habitué aux enfants.
— Je te demande, moi, si c’est normal d’avoir un long filament d’excrément sous le nez ?
— C’est pas un trait de merde, c’est une fine moustache !
— Junior, c’est pareil… Ce n’est pas un clown, c’est mon fils adoré, et tu la fermes ! Si tu continues à te comporter comme ça avec les gens, à les mépriser du haut de ta grandeur de nain, t’iras pas au paradis, je te le prédis !
— C’est pas grave, j’ai réservé ailleurs…
Junior, ravi du temps gagné en joute oratoire entre Chaval et sa mère, progressait, franchissait le septum lucidum, le corps calleux et établissait enfin une liaison directe avec le cerveau de Chaval.
— Tatamayabobo ! s’écria-t-il touchant au but.
Josiane tapota son brushing, humecta ses lèvres, se drapa dans son pashmina rose et demanda :
— Donc, tu voulais me voir pour faire la connaissance de mon enfant ?
— Pas vraiment, dit Chaval en étirant un fin sourire qui déforma sa joue gauche. Je me suis souvenu de ton ingéniosité à trouver des produits pour Casamia… Je vais être honnête avec toi, Josy…
Josy… Une alerte retentit dans le cerveau de Josiane. L’homme tentait de l’amadouer en lui donnant le petit nom de tendresse qu’il lui murmurait autrefois près de la machine à café pour la plier dans ses bras. Junior crayonna un grand trait rouge dans son livre.
— … j’aimerais beaucoup retourner travailler à Casamia. Je pense que Marcel a besoin de quelqu’un. Il ne suffit plus à la tâche. Il s’épuise, ton homme.
Josiane restait muette et, suivant les conseils de Junior, le laissait parler.
— Il a besoin d’un commercial fringant, disponible, avisé et cet homme rare, c’est moi !
— Tu as besoin de moi pour te présenter devant lui ?
— Je voulais savoir si tu étais favorable à cette idée…
— Il faut que j’y réfléchisse, dit Josiane en versant son thé Lipton étiquette jaune. On ne peut pas dire que je te porte dans mon cœur…
— Je sais très bien que si tu t’opposes, Marcel ne m’engagera pas…
— Qui me dit que tu as changé, Chaval ? Que tu n’es plus cette fripouille qui a essayé de nous détruire, une fois passé à la concurrence ?
— J’ai changé. Je suis devenu un homme honnête. Je fais attention aux gens à présent…
Junior dessina trois longs traits rouges dans la marge du livre, en appuyant de toutes ses forces.
— Je les prends en considération, je les respecte…
Rouge, rouge, rouge.
— J’aime beaucoup ton mari…
— On ne te demande pas de l’aimer…
— Je ne voudrais pas qu’il lui arrive malheur…
Rouge, rouge, rouge.
— Même par inadvertance, vois-tu. Je ne voudrais pas, par exemple, qu’il ait un infarctus parce qu’il est surmené… Or ça risque de lui arriver s’il continue à travailler comme un forcené. Cela me ferait de la peine…
Rouge, rouge. Les doigts de Junior blanchissaient à force de serrer son crayon.
— Donc tu m’aides à me faire embaucher et moi, je te promets de veiller sur lui, d’alléger son fardeau, je te le conserve en bon état. Cela me paraît honnête comme contrat, non ?
Josiane jouait avec son sachet de thé. Elle le pressait contre la paroi de la tasse du dos de la cuillère, l’écrasait, le pliait, le dépliait.
— Je vais y réfléchir…
— Et tu pourrais encore davantage m’aider en partant à la recherche d’un projet… Tu avais du flair, souviens-toi…
— Je me souviens surtout que tu me dévalisais chaque fois en t’attribuant ma trouvaille. Je me suis fait berner comme un pauvre bulot mayonnaise !
— J’ai besoin de toi une dernière fois… Si tu m’aides, je te le rendrai au centuple !
Rouge, rouge, rouge. Le petit livre de Junior se barbouillait de traits rouges.
— Mais je n’ai pas besoin de toi, Chaval. Les choses ont changé… Je suis la femme de Marcel, maintenant.
— Vous êtes mariés ?
— Non, mais c’est du pareil au même…
— Il peut rencontrer une jeunesse et te larguer…
Josiane éclata d’un rire sarcastique.
— Même pas en rêve !
— Ne sois pas si sûre de toi…
— Je suis persuadée que ça n’arrivera jamais. Je ne suis pas Henriette, moi !
— Henriette ? tressaillit Chaval. Pourquoi me parles-tu d’Henriette ?
Rouge, rouge, rouge. Junior tirait des traits rageurs en bavant copieusement. Il y en avait partout sur le livre. De larges traces grasses semblables à des traînées de rouge à lèvres. La dame à l’air réprobateur assise à la table voisine le dévisageait sans se cacher. Il est vraiment curieux cet enfant, chuchota-t-elle à son ami. Tu as vu comme il bave et crayonne à la fois ? Il tire des traits, que des traits rouges !
— Je te dis juste que je ne suis pas Henriette.
— Qu’est-ce qu’elle a à voir avec moi ? demanda Chaval, mal à l’aise en grattant sa moustache fine.
Rouge, rouge, rouge.
— Elle, elle s’est fait larguer… Mais il y avait une excellente raison. Elle était mauvaise, vipère, sèche, fermée à double tour. Une sorcière sur son balai… Moi, je suis crémeuse, douce, amoureuse, voluptueuse, généreuse… Un chou à la crème. Donc il ne me larguera jamais. Élémentaire, mon cher Chaval !
— D’accord, d’accord, soupira Chaval, rassuré. Mais… Revenons à nos affaires. Réfléchis. Pense à la santé de Marcel, oublie ton ressentiment envers moi… Il faut faire table rase du passé. Nous projeter vers l’avenir…
Il se passa la main dans les cheveux, puis se caressa le torse dans l’échancrure de sa chemise. Josiane l’observait, amusée. Il dépendait d’elle, maintenant. Il était à sa merci, pieds et poings liés. Quelle belle revanche sur son passé ! Sur la pauvre fille qu’elle avait été…
— Nous devons faire équipe… Pour sauver Marcel, répéta-t-il en levant vers elle un regard inquiet, un regard qui se tourmentait au sujet de Marcel. J’ai appris à l’apprécier ton homme, tu sais…
Junior redoubla de longs traits rouges. C’est curieux, se dit Chaval, ce gamin doit être demeuré. C’est normal, c’est un enfant de vieux. Une raclure de bidet. Ce n’est pas comme ma fée, ma longue déesse aux yeux dorés, aux boucles souples, à la taille de liane furieuse, au sexe en éventail qui se plie et se déplie…
Junior releva alors la tête et, fixant Chaval dans les yeux, il prononça ce simple mot :
— Hortense ?
Et le cerveau de Chaval s’emporta. Une onde de chaleur en envahit les plis et les replis. La substance grise de la moelle épinière s’enflamma. La corne antérieure et la corne postérieure tressaillirent, irrigant d’un flot sanguin la pie-mère et les méninges. Tout le cerveau de Chaval prenait feu et Junior crut que son crayon allait fondre entre ses doigts. Il le lâcha sur la table. Il avait capté deux sources de chaleur intenses : Henriette et Hortense. Mais si Henriette avait mobilisé la zone réservée à la peur, à l’effroi, aux poils qui se hérissent, le prénom d’Hortense avait touché les zones du plaisir, de la jouissance physique, de la volupté incandescente. Chaval redoutait Henriette et brûlait pour Hortense.
Junior décida de poursuivre ses recherches, se concentra de toutes ses forces, passa dans le troisième repli de la zone de jouissance et trouva une image d’Hortense étrangement déformée. Peinte par Francis Bacon. Deux petits seins fermes, un ventre dur, de longues jambes fuseaux et un sexe immense, un long tuyau rouge qui serpentait, se déformait, se tordait et dans lequel flottaient des petites éponges pourpres en forme de ressorts. L’intérieur du sexe d’Hortense. Ainsi Chaval avait connu ce long boyau et l’avait imprimé au fer rouge dans un repli de son cerveau. Junior fut saisi d’un spasme de répulsion. Ce n’était pas possible ! Mon Hortense n’a pas pu copuler avec ce débris d’homme, cet avorton lubrique et affamé de vice !
Il poussa un long cri et s’effondra sur la table en gémissant, en se frappant le front, en se déchirant les joues. Sa mère, affolée, le prit dans ses bras, le berça, litania que se passe-t-il, mon bébé ? dis-moi, dis-moi… Junior ne pouvait parler, le chagrin le submergeait, il poussait des petits cris, se débattait et protestait oh non ! oh non. Josiane se leva, lui tapota le dos, lui souffla sur les cheveux, lui tamponna les tempes. Rien n’y faisait, il convulsait, s’étranglait, de grosses larmes roulaient sur ses joues. Elle dit adieu à Chaval, installa son fils dans sa poussette et s’éloigna le plus vite qu’elle le put.
Junior, haletant, s’était laissé ficeler dans la poussette MacLaren et, pour une fois, fut heureux de rentrer chez lui tracté sur deux roues. Il avait les jambes en coton.
Josiane attendit d’avoir franchi l’angle de l’avenue Niel et de la place Pereire pour se pencher au-dessus de son fils.
— Que s’est-il passé, mon bel amour ? Qu’as-tu vu qui te mette dans cet état d’épouvante ?
— Maman, maman… Vite, vite, ton portable, il faut que j’appelle Hortense…, balbutia Junior.
— Hortense ? Qu’a-t-elle à voir avec nos affaires présentes ?
— Maman, s’il te plaît, ne me pose pas de questions… Mon cœur saigne…
— Reprends-toi, mon bel amour. Apaise ton tourment…
— Je ne peux pas, maman, je suis trop malheureux… Je tremble de partout.
— Mais pourquoi, mon bel amour, ma prunelle dorée ?
— Oh ! Maman ! Dans le cerveau de Chaval, j’ai vu Hortense…
— Hortense ?
— Le vagin d’Hortense comme un long tuyau de caoutchouc rouge… Il l’a touchée, maman, il l’a pénétrée de son appendice odieux… Oh ! maman, je hais cet homme !
— Junior, reprends-toi. C’était il y a longtemps…
— Justement, elle était encore jeunette, tendrelette. Pourquoi a-t-elle laissé faire ça ?
— Je ne sais pas, chéri… Tu sais, nous faisons tous des choses dont nous ne sommes pas fiers… Elle voulait se prouver qu’elle pouvait séduire un homme, un vrai…
— C’était quand ? Tu te souviens ?
— Juste avant ta naissance…
Junior se redressa, armé d’un fol espoir.
— Elle ne me connaissait pas…
— Non.
— C’est pour cela… Elle ne le ferait plus aujourd’hui !
— Sûrement pas. Ce dont je me rappelle, c’est qu’elle l’a ratatiné. Il n’a plus jamais été le même ensuite… Il avait de la pâte à modeler dans la tête. Mais dis-moi, mon amour, qu’as-tu vu d’autre dans le cerveau de cet homme lamentable ?
— Cet homme est dangereux, mère, assura Junior, reprenant ses esprits. Il fait voler les corbeaux à l’envers. Il est en train d’ourdir un complot contre papa avec l’aide d’Henriette. Une manigance à base de chiffres secrets. Il joue sur deux tableaux, en fait. Il veut revenir dans l’entreprise, se faire une situation et il intrigue avec Henriette… J’ai vu dans un repli de son cerveau une histoire d’argent, une sorte de cambriolage avec des codes, des comptes bancaires, une trompette…
— Une trompette ? s’exclama Josiane.
— Oui, mère, je te l’affirme, il y avait une trompette… Et une djellaba !
— Une djellaba ! Il fait partie d’Al-Qaïda ?
— Je ne sais pas, mère, je ne sais pas…
Il revenait peu à peu à lui. Hortense avait changé, il lui pardonnait son erreur de jeunesse. Hortense était une conquérante insatiable. Chaval avait été un marchepied. Rien de plus… Il comprenait soudain qu’il lui faudrait attendre avant d’imaginer un avenir avec elle. Il lui faudrait aussi apprendre à se protéger. Mais, se dit-il, la vie est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre[39].
— N’empêche, murmura-t-il en levant les yeux vers sa mère, ça fait mal d’être amoureux, maman. Ça fait toujours mal comme ça ?
— Cela dépend sur qui tu jettes tes yeux, mon enfant. Hortense n’est sûrement pas de tout repos… Mais tu dois l’oublier et te consacrer au bien-être de ton père. Qu’allons-nous faire, Junior ? Tout ça n’est pas très clair…
Junior, assis dans sa poussette, regarda ses pieds. Les frotta l’un contre l’autre. Un lion royal et un poulpe maigrelet. Hortense et Chaval. Le lion allait dévorer le poulpe maigrelet. Il n’en ferait qu’une bouchée.
— Avec Hortense, nous tenons une carte maîtresse. Elle ensorcellera Chaval, le fera parler… Il ne lui résistera pas. Il confessera ses plans. Il faut la contacter de toute urgence. C’est la fin de l’année scolaire, elle va sûrement revenir en France. Nous tiendrons un conseil de guerre et elle nous aidera à démasquer les coupables. Car ils sont deux, au moins… Chaval et Henriette. J’en suis sûr, maintenant. Chaval et Henriette… et peut-être un comparse…
Josiane lui caressa la tête, passa ses doigts dans les boucles rouges emmêlées.
— Que ferions-nous sans toi, mon bébé ?
— Mère, je suis épuisé. Je crois bien que je vais faire un somme…
Il posa son menton sur sa veste bleu ciel et s’endormit, bercé par le bruit des roues de la poussette.