III

Où la lettre rose et la lettre verte jouent leur rôle et où le Petit Docteur tire des conclusions tandis que le commissaire le regarde férocement


Six heures du matin. La fortune, dit-on, est à ceux qui se lèvent tôt. Le Petit Docteur se rase devant un mauvais miroir, descend, ne trouve qu’un gardien de nuit, qui lui réchauffe du mauvais café, et préfère avaler un verre de calvados pour se mettre l’estomac d’aplomb.

Le ciel est plus clair. Tous les nuages venus de l’ouest sont partis vers l’est et il ne reste plus au-dessus des toits qu’une toile de fond bleu pâle.

Quai des Tanneurs. Un vacarme inusité. Des ferraille grincent, un moteur halète, des gens crient, des coups de sifflet doivent faire sauter dans leur lit les braves habitants du quai qui dorment encore.

Le procureur et le commissaire n’ont pas perdu leur temps. On dirait que, comme le Petit Docteur, ils tiennent à battre un, record. Une grue fonctionne. Un bateau plat des Ponts et Chaussées. Un autre bateau avec une pompe pour scaphandre.

Et déjà la tête de cuivre d’un scaphandrier émerge, tandis que les appareils photographiques la mitraillent.

Le Petit Docteur croyait être en avance et il est presque en retard, puisque les autorités et les journalistes sont déjà là.

Maintenant, il est vrai, il s’agit de René Juillet, gros fortune, grosse situation politique dans le Nord, et la presse parisienne marche à fond.

Les mystères de Nevers.

En manchette ! Comme on écrivait jadis Les mystères de Chicago.

Alors, des ordres ont été donnés : en finir au plus vite avec cette histoire !

Des chaînes ont été amarrées à l’auto par le scaphandrier. La grue fonctionne et une chaîne casse, qu’il faut remplacer. Des journalistes entourent le Petit Docteur, dont c’est le premier contact avec la presse en tant que détective.

— Il paraît que c’est vous qui avez découvert…

Il fait le modeste, mais il est bien content. On l’emmène dans un bistrot voisin pour qu’il raconte l’histoire de son raisonnement.

Calvados ! Est-ce sa faute si le café est si mauvais ? Il sait bien qu’il à tort, qu’il est un peu tôt pour commencer à boire, mais on le pousse, on le fête.

— En somme, vous êtes un scientifique…

— Heu !… Pas tout à fait… Je pars d’un point donné… Je me dis… Mon Dieu ! Que c’est difficile à expliquer !

— Ne bougez pas… Merci…

Le voilà photographié, comme un assassin ou une star de cinéma…

— Quelle est votre idée sur cette affaire ?

— Entre neuf et dix heures, je vous confierai tout… Je l’ai annoncé au commissaire en chef…

— Vous prétendez que, dans trois heures d’ici, vous aurez livré la solution du mystère ?

Il baisse les yeux avec une fausse modestie. Ne sont-ce pas les autres qui le poussent ? Il ne demanderait pas mieux que de travailler tout seul, à sa manière, mais ils s’obstinent à le faire parler.

— En bref, il y avait trois personnes dans l’auto, deux hommes et une femme, et vous êtes parti de là pour…

— Exactement !… Mettez-vous à la place de…

— Pas d’un des deux hommes, merci !

— Je voulais justement dire : mettez-vous à la place de la femme… Pardon !… Une question… À quelle heure est, à Nevers, la première distribution du courrier ?

— Huit heures et demie…

— Je vous remercie…

Donc, c’est à neuf heures qu’il saurait. En attendant, on parvenait enfin à hisser l’automobile pleine de vase au bout du bras de la grue. On contrôlait le numéro. C’était bien la grosse voiture américaine d’Isidore Borchain, et à peine était-elle à quai qu’un mécanicien amené par le commissaire de police se précipitait dans la carrosserie encore ruisselante.

— Comme vous le pensiez, monsieur le commissaire… On a mis le moteur en marche… Le contact n’est pas coupé. On maintenait le débrayage, de l’extérieur, à l’aide d’un objet quelconque… Puis on a lancé et la voiture s’est mise en route, a culbuté dans le fleuve…

— Pardon, monsieur le commissaire…

— Vous êtes là, vous ?

C’était le Petit Docteur.

— Je voudrais vous demander de m’accompagner, à neuf heures, pour une démarche assez délicate… Peut-être M. le procureur accepterait-il de se joindre à nous ?…

Les deux hommes se regardèrent… On sentait le magistrat plus tenté que le policier professionnel.

— Il s’agit d’aller loin ?

— Nullement… Avenue de la République… Je crois que, après cela, il n’y aura plus de mystère…

Chemin faisant, alors que les journalistes et les photographes les suivaient, il ne pouvait s’empêcher de dire :

— C’est terrible, ce que je deviens cabotin !

Mais était-ce vraiment son fait ? Par deux fois, dans l’affaire de la Maison-Basse et dans celle de Royan, il avait réussi avec tant de maîtrise qu’il n’était plus capable de douter de lui ! Maintenant encore, cette auto…

— Ce que nous faisons est assez irrégulier, monsieur Dollent… soupirait le procureur. Je veux espérer que vous ne vous avancez pas trop et que vous n’entraînez pas la Justice dans une entreprise qui risquerait de la ridiculiser…

Il eut peur. Au point que, s’il l’avait pu, il aurait pénétré dans le premier bistrot venu pour avaler une boisson forte et se donner du cœur au ventre.

— Dès que nous serons entrés, monsieur le procureur, je vous dirai en toute certitude si nous avons réussi ou non…

L’hôtel particulier des Borchain… Le perron… La lourde porte qui s’ouvrait et le maître d’hôtel en veste blanche…

Dollent consulta sa montre. Il était exactement neuf heures. Les deux autres, le procureur et le commissaire, le regardaient.

— Dites-moi, mon brave…

C’était un terme qu’il avait adopté depuis sa conversation de la veille avec le garde-pêche, mais le maître d’hôtel ne semblait pas flatté par cette familiarité.

— Qui est-ce qui prend le courrier dans la boîte ?

— C’est moi.

— À cette heure, l’avez-vous déjà monté à ces dames ?

— Il y a dix minutes environ…

— Très bien… Très bien… Donc, c’est toujours vous qui montez le courrier ?…

— C’est-à-dire que je le prends dans la boîte, que je le trie et que je le remets aux femmes de chambre…

— Je vois que cette boîte aux lettres est fermée à clé… Personne, en dehors de vous, n’a la clé ?

— Je crois que Monsieur en avait une, mais il ne s’en servait jamais…

— Je suppose que vous jetiez un coup d’œil, fût-ce machinal, sur les enveloppes… Remarquez que je ne vous accuse pas de curiosité malsaine… Mais, quand on trie le courrier, il est naturel…

— Que voulez-vous dire ?

— Ce matin, par exemple, rien ne vous a frappé dans l’aspect de certaines lettres ?

Le procureur et le commissaire n’y comprenaient rien et regardaient avec stupeur le maître d’hôtel, qui écarquillait les yeux.

— Comment pouvez-vous savoir ?

— Peu importe ! Dites-nous ce qui vous a frappé. N’ayez pas peur…

— J’ai été étonné de trouver une enveloppe d’un drôle de vert, avec des timbres à un sou collés tout autour… C’était pour Madame…

— C’est tout ?

— Je ne vois rien d’autre… Des prospectus… Des factures…

— Vous êtes bien sûr que c’est tout ?

— Je l’affirme, monsieur !

— Pouvez-vous nous introduire dans le salon et prier Madame et Mademoiselle de descendre un instant ?

Ils étaient là comme dans une sacristie, n’osant élever la voix, cependant qu’ils entendaient des pas au-dessus de leurs têtes. Le procureur insistait :

— Avant d’aller plus loin, voudriez-vous avoir l’obligeance de nous expliquer, docteur…

— C’est fort simple… Un dentiste de Montauban m’a affirmé hier que par deux fois il avait écrit à Isidore Borchain pour lui demander la raison de son silence, car il attendait Borchain depuis le début du mois… Or personne, ne nous a parlé de ces lettres… Admettez que c’est assez étrange… D’autant plus que je me suis renseigné hier et qu’on m’a déclaré qu’on ne faisait pas suivre le courrier, lequel était normalement ouvert par Mme Borchain… Si elle a lu les deux lettres du dentiste, elle savait que son mari…

— En effet !

— Attendez ! J’ai adressé à cette maison une lettre rose et une lettre verte, et, si j’ai choisi ces couleurs inusitées, c’est pour être sûr qu’elles n’échapperaient pas à l’attention de la personne chargée d’ouvrir chaque matin la boîte aux lettres et de distribuer le courrier… Supposez que quelqu’un ait l’habitude de venir ouvrir la boîte avant le maître d’hôtel et d’y prendre une partie des lettres ?… Cette personne aurait su fatalement que Borchain n’était pas à Montauban…

Le commissaire commençait à être vexé, d’autant plus que le procureur lui lançait un regard aigu qui signifiait : « Il est rudement fort, ce garçon ! Est-ce que vous avez pensé à cela, vous ? »

Mme Borchain descendait la première, en négligé, très pâle, dolente, et s’excusait.

— Je ne m’attendais pas, messieurs, à une visite aussi matinale… Je n’ai pas dormi de la nuit… Je me reposais et…

— C’est à nous, madame, à vous demander pardon pour cette intrusion, mais les besoins de l’enquête, notre souci de venger votre mari…

Nicole entrait à son tour, les yeux plus battus que sa sœur, le regard inquiet, les lèvres crispées.

— Qu’est-ce qu’on nous veut encore ? Questionna-t-elle. Est-ce qu’on va continuer à nous tourmenter ainsi longtemps ?

Alors le Petit Docteur questionna de l’œil ses deux compagnons, qui eurent l’air de lui donner carte blanche, et il attaqua :

— Supposez que, lors du retour inopiné d’Isidore Borchain dans cette maison – n’oubliez pas qu’il était revenu en avion au lieu de prendre le bateau comme d’habitude – supposez, dis-je, que Borchain ait trouvé un homme, un Inconnu, dans la chambre de la femme qu’il aimait…

« Vous n’avez vu que son cadavre, mais vous pouvez imaginer l’homme tel qu’il était de son vivant : puissant, violent, sanguin…

— Je vous en supplie ! soupira Mme Borchain.

— Je m’excuse, madame, mais je crois qu’il est nécessaire que j’aille jusqu’au bout… Borchain étrangle son rival… Car ce sont bien, n’est-ce pas, commissaire, des traces de strangulation qu’on a relevées sur le second cadavre, celui de René Juillet ?… Au surplus, Borchain a reconnu cet homme… Il lui a été présenté, jadis, à Roubaix, comme un ami, mais rien qu’un ami, de la femme qu’il aimait…

« Je vous demande encore pardon, madame, et je vous supplie de me laisser aller jusqu’au bout…

« Lorsque Borchain vous a épousée, votre sœur n’était encore, en somme, qu’une petite fille… Depuis, elle a grandi… Et, à mesure qu’elle grandissait, votre mari la regardait avec d’autres yeux… Quand, après la mort de vos parents, elle s’est installée chez vous, ce qui devait arriver fatalement est arrivé…

« Elle est devenue la maîtresse de votre mari… C’était elle, et elle seule, qui comptait pour lui…

Marthe Borchain les regardait avec des yeux égarés, cependant que Nicole soulevait les commissures des lèvres dans un sourire sarcastique.

— Passons maintenant au drame… Borchain revient prématurément de voyage, trouve un homme, ce René Juillet, dans la chambre de sa belle-sœur, comprend qu’il est, son amant depuis longtemps, depuis Roubaix, et, dans sa rage l’étrangle…

« Le soir, sa femme couchée, il oblige Nicole à l’accompagner… Il laisse sa voiture sur la place ou dans une rue des environs… Pour ne pas être repéré, il emprunte la première auto venue, y installe le cadavre à côté de sa belle-sœur terrifiée…

« Un détail qu’il n’avait pas prévu… L’auto qu’il emprunte ne contenant presque plus d’essence… Quand il s’en aperçoit, il a juste le temps de stopper devant le garage d’Espardon…

« Quelles sont les réactions de Nicole à cet instant ?… Connaissant son beau-frère et sa violence, craint-elle qu’il la tue à son tour ?

« Au moment du démarrage (peut-être le corps vient-il de la frôler à cause de la secousse), elle ne peut retenir un appel au secours…

« Et nous voilà à Bois-Bezard…

« René Juillet est enterré sous des cailloux… Quelle scène se joue entre les deux amants ?

« Toujours est-il que Nicole, peut-être menacée, parvient à se saisir du revolver de son beau-frère, le tue à son tour et abandonne son corps dans les roseaux de l’étang…» Remettre en place la voiture des Humbert…

« Faire disparaître l’auto de Borchain, pour qu’on ne s’inquiète pas trop tôt de l’absence de celui-ci… Le fleuve est là…» Et, dès lors, le temps passe…

« Il suffit de prendre le matin dans la boîte aux lettres le courrier qui aurait révélé que Borchain n’est pas dans le Midi comme chacun le croit…

« Et, ce matin, d’y prendre une enveloppe rose, au nom de Mlle Nicole, et dont l’aspect bizarre ne laisse présager rien de bon…

Nicole ricanait toujours. Mme Borchain s’était pris la tête à deux mains et murmurait spasmodiquement :

— C’est affreux !… C’est affreux !… Qui aurait cru ?… Le procureur était mal à l’aise, et soudain le commissaire se leva. On venait de sonner à la porte d’entrée.

— Vous permettez ? dit-il. Cela doit être pour moi… J’attends un message urgent et je me suis permis…

Rarement personnes réunies dans une même pièce s’étaient senties si peu dans leur assiette. Le Petit Docteur lui-même, son récit terminé, examinait chacun avec inquiétude, se demandant s’il n’était pas allé trop fort.

Pourtant, il avait suivi sa méthode. Il avait été logique jusqu’au bout. Il s’était mis dans la peau de chaque personnage.

Pourquoi, dès lors, Nicole, au lieu de le regarder avec rage, l’accablait-elle d’une amère ironie ?

— Messieurs…

C’était le commissaire qui rentrait, après avoir passé seulement quelques instants dans le hall d’entrée.

— Monsieur le procureur… je suis obligé de vous demander un mandat d’arrêt contre…

Un étrange coup d’œil au Petit Docteur, et celui-ci eut envie, croyant qu’il s’était trompé du tout au tout, de rentrer sous terre.

— … contre Mme Isidore Borchain, née Marthe Tillet, prévenue d’avoir assassiné son mari, avec le propre revolver de celui-ci, dans le marais de Bois-Bezard…

La jeune femme leva des yeux étonnés. Elle essaya de protester :

— Mais le docteur vient de prouver…

— Le docteur, madame, est peut-être un excellent psychologue et un excellent logicien…

Dollent eut envie de saluer !

— … mais il n’a pas à sa disposition les moyens de la police. Cette histoire lui montrera que nous sommes mieux outillés qu’il ne croit. Hier au soir, quand j’ai connu l’identité du second cadavre, celui de René Juillet, j’ai aussitôt demandé à la police de Roubaix de me faire suivre par bélino toutes les photographies de femmes que l’on pourrait trouver dans la chambre du jeune homme…

« Les voici… Elles viennent d’arriver… Vous n’y reconnaîtrez que votre image, parfois avec une dédicace…

« C’est vous qui étiez la maîtresse de Juillet… C’est vous qui le receviez régulièrement ici pendant les absences de votre mari… Et c’est ce qui explique que le pauvre Juillet ne se mariait pas… C’est vous que Borchain a surprise avec, lui… C’est devant vous qu’il l’a étranglé… C’est vous qu’il a contrainte à l’accompagner à Bois-Bezard pour enterrer le cadavre…

« C’est vous encore, madame, qui, devant le poste d’essence, vous êtes demandé si votre sort n’allait pas être réglé aussi dramatiquement et qui avez appelé au secours…

« C’est vous, enfin, qui avez tiré sur Borchain…

« C’est vous qui, de retour à Nevers, avez poussé sa voiture dans la Loire à un endroit que vous connaissiez bien…

« Et c’est vous qui avez fait disparaître chaque jour celles des lettres qui vous renseignaient officiellement sur l’absence de votre mari dans le Midi…

« C’est vous qui, ce matin, avez trouvé l’enveloppe rose à l’adresse de votre sœur… et qui, pour écarter les soupçons de votre tête, avez fait disparaître cette enveloppe…

Quelqu’un se leva comme un diable poussé hors de sa boîte par un ressort à boudin. C’était le Petit Docteur, qui s’écriait :

— Magnifique, commissaire !

Mais le commissaire, magnanime :

— Vous n’avez fait qu’une faute, monsieur le docteur, mais avouez qu’elle était d’importance. Vous avez cru que c’était la destinataire de la lettre qui l’avait subtilisée… Or, la destinataire…

Celle-ci, c’est-à-dire Nicole, s’était levée et soupirait :

— Qu’on en finisse ! Vous êtes odieux, avec vos façons de vous passer la pommade…

— Vous saviez tout ?

— Je m’en doutais… Depuis hier, j’en étais sûre… Mais ce n’est pas une raison pour commencer une discussion académique…

Elle fixait sa sœur assez durement. Le Petit Docteur surprit ce regard. Et il acquit la conviction que, tout au fond d’elle-même, Nicole était jalouse de Marthe Borchain, non pas à cause de son mari, mais à cause de René Juillet.

Je suis au regret, madame, de vous mettre en état d’arrestation et de vous déférer au Parquet de Nevers, qui…


— Vous comprenez, maintenant, docteur ?

— Que voulez-vous dire ?

Ils déjeunaient en tête à tête dans un petit restaurant du bord de l’eau et le ciel était devenu tout à fait pur.

— Vous avez des idées, c’est certain… Vous avez découvert, par vos propres moyens, presque toute la vérité… Mais attention au presque !… Nous sommes peut-être moins subtils… Nous ne cherchons pas à couper les cheveux en quatre… Par contre, nous disposons d’une organisation qui… Ainsi, vous n’avez pas pensé qu’un jeune homme assez amoureux pour venir régulièrement à Nevers voir sa maîtresse sans en parler à personne devait posséder dans sa chambre des photographies de cette femme… Si même vous y aviez pensé, vous n’auriez pas pu, simple particulier, obtenir que…

Alors, le Petit Docteur voulut racheter ses petits péchés d’orgueil et, devant de délectables quenelles de brochet, avoua :

— Je n’y avais pas pensé…

N’empêche qu’il avait découvert toute la vérité, à une sœur près !

Cela lui servirait de leçon pour la suite.

Car désormais, comme on dit dans le Midi, il était mordu ! Tant pis pour la bonne Anna et pour ses ragoûts qui auraient souvent le temps de brûler…


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