— Je vais m’absenter quelques jours. Je n’ai pas confiance dans mon robinet d’arrêt d’eau. Je voulais savoir si tu pouvais passer de temps en temps à mon appart pour vérifier qu’il ne s’est pas transformé en piscine.
« Dommage que tu n’habites pas au-dessus de chez Mme Roudan, ça aurait arrosé son jardin. »
J’avoue que je n’avais pas envisagé cette éventualité. Mais c’est oui de toute façon. D’autant que Ric semble préoccupé.
— Sans vouloir être indiscrète, ce ne sont pas des ennuis qui t’obligent à partir ?
— Non, rien de grave.
— Tes parents vont bien ?
— Tout va bien, je t’assure.
— Pour ton appart, tu peux compter sur moi.
— Merci beaucoup.
— Tu veux aussi que je relève le courrier ?
— Inutile, je ne serai absent que cinq ou six jours.
« Cinq ou six ? Sois clair. C’est pour évaluer le nombre de cheveux blancs que je vais me faire. »
— S’il y a une fuite, je te préviens sur ton portable ?
— Je risque de ne pas être facilement joignable, mais laisse un message et avertis Xavier.
Absent. Destination inconnue. Aucune date de retour ferme. Pas joignable.
— Quand pars-tu ?
— Demain matin, tôt.
Mon moral se fissure. Je m’efforce d’empêcher mon menton de se mettre à trembler comme les enfants qui vont éclater en sanglots.
« Tu vas me manquer. Je ne sais pas si tu pars pour faire évader l’autre ratasse, mais j’ai vraiment peur que tu ne reviennes pas. Si ça se trouve, c’est la dernière fois que je te vois. »
— Julie, ça va ?
— Oui, oui. Aucun problème.
Je n’ai pas dû être très crédible. Il s’avance vers moi et m’enlace. Il me serre contre lui, fort. Ses mains remontent vers mon visage, qu’il enserre doucement entre ses paumes. Il est si proche. Je sens son souffle sur ma peau.
— Ne t’inquiète pas, murmure-t-il. C’est important pour moi. Ensuite je serai libre.
Il pose ses lèvres sur les miennes. Je ferme les yeux. Quelque chose de plus fort que tout me submerge. Je suis un château de cartes qui s’effondre au ralenti. Lorsque je relève les paupières, Ric n’est plus là et ses clés sont posées sur ma table.