Je sais ce que vous allez dire, mais je vous jure que ce n’est pas moi. Lundi dernier, alors que l’abject petit commercial dealer de faux médicaments venait de faire laver sa décapotable à la station-service, un individu cagoulé a surgi pour lui déverser un seau de crottes de chien sur la tête alors qu’il redémarrait. L’agresseur s’est enfui et n’a pas pu être identifié. L’intérieur de la voiture n’a pas pu être nettoyé. Je n’y suis pour rien. J’ai bien parlé de mon idée à mes amis et, dans la liste des suspects, figurent Xavier, Steve, Ric et même Sophie, mais je ne sais pas encore lequel est le coupable.
Je me suis réinscrite à des cours par correspondance et Mme Bergerot m’aide pour l’économie. Elle et Mohamed ne se chamaillent plus depuis qu’il a été hospitalisé d’urgence pour un malaise et qu’elle s’est précipitée à son chevet. Ils ne peuvent plus faire semblant, tout le monde se moquerait d’eux. Julien et Denis ont parié qu’ils finiraient ensemble.
On n’a plus jamais revu M. Calant. Théo, le fils de la libraire, s’est un peu calmé depuis qu’il a une copine, et sa mère va mieux. Lola continue le piano, elle donne un concert dans trois semaines. On a tous prévu d’y aller.
Albane Debreuil a accepté un règlement amiable pour étouffer le scandale qui aurait encore affaibli son entreprise. Dans un mois, il y aura une vitrine dans le musée qui présentera les parents de Ric et leur travail.
Pour les vacances, Sophie part en Australie. Le père de Brian est mort. Malgré la honte qu’elle éprouve à profiter de cette triste nouvelle, elle se réjouit qu’il envisage de venir s’installer ici.
Léna a eu un accident de voiture mais elle n’a rien. Les experts ont dit que ses seins lui avaient sauvé la vie. Je ne sais plus quoi penser.
Géraldine est enceinte de Mortagne. Elle est malade comme une bête, elle vomit toutes les heures. L’agence pue, même les clients se plaignent. La dernière fois, elle a dégueulé sur la fougère de Mélanie. Comptez sur moi, je lui ai bien redit qu’un enfant, c’était un miracle.
Quant à moi, comment vous dire ? Peut-être qu’un jour quelqu’un rigolera en voyant écrit « Julie Patatras » sur une boîte aux lettres, mais je m’en fiche. Ric est là. Tous les soirs, je m’endors une heure après lui parce que je veux pouvoir le regarder. Il est bien l’homme que je crois. Il m’aide à savoir qui je suis. Je me doute que la vie ne sera pas simple, je sais qu’il y aura toujours des abrutis, des cyniques, des épreuves et des injustices. Je sais que les choses sont rarement comme elles devraient l’être, mais je crois du plus profond de mon âme qu’à nous tous, on doit pouvoir survivre à cette chienne de vie.
Portez-vous bien. Aimez. Risquez. Ne renoncez jamais. Affectueusement,
PS : Ne laissez pas les chats vous convaincre que les bonnets péruviens vous vont bien.