Je viens de faire un rêve. Dans la plus belle salle de concerts du monde, j’entre sur scène, auréolée d’une pure lumière qui fait chatoyer les innombrables diamants dont tout mon corps est couvert. Je me retrouve face à des milliers de fauteuils habillés de velours rouge, parfaitement alignés, tous vides à l’exception de celui situé exactement au centre du parterre. Un seul spectateur : Ric.
La gorge serrée, je gagne le centre de la scène et je salue avec majesté. Lentement, au son de la première note d’une formation symphonique, un orchestre au grand complet monte du fond des fosses et apparaît derrière moi. Lola est au piano.
Ma voix démarre doucement, comme un secret que l’on murmure, comme un aveu. En une chanson, il y aura ma vie, la promesse que je lui fais. Il y aura du rythme, des violons, du rock, du blues, du slow, des dièses et des solos. Quelques minutes pour la quintessence d’une vie, quelques secondes de ce qui embrase un cœur. Pour lui je vais chanter, pour lui je vais tout donner.
J’entends déjà les mélodies, je prononce déjà les mots. Ma chanson parle d’amour, d’espoir, de tout ce qu’une femme sait abdiquer pour celui qu’elle aime. J’espère qu’il restera jusqu’à la fin. J’espère qu’ensuite une rose rouge tombera à mes pieds. J’espère qu’il me retirera tous mes diamants. Le doute n’est plus en moi, je suis là où je le dois, j’accomplis ce que je crois, comme jamais. J’ai seulement peur de me réveiller et de découvrir que la salle est pleine à craquer, qu’il n’y a plus un fauteuil de vide, à l’exception de celui situé exactement au centre du parterre. C’est aujourd’hui que je joue ma vie.