La mode d’été incitant les jeunes filles à se promener le nombril dénudé, Milan Kundera considère qu’après les cuisses, les fesses et les seins, « ce petit trou rond détient le quatrième pouvoir de la séduction féminine », La Fête de l’insignifiance.
Cependant, contrairement aux trois autres appas, différents pour chaque femme, « tous les nombrils sont pareils ». Il existe donc, selon Kundera, un érotisme fondé sur la similitude et la répétition.
Sitôt apparue sur nos ordinateurs, l’arobase des adresses électroniques m’a semblé ressembler beaucoup au nombril. Mêmes rondes et étroites géographies repliées sur elles-mêmes. Mêmes attaches circulaires. Universellement répandus, autant nécessaires l’un que l’autre, le nombril et l’arobase sont si évidents et si discrets qu’on ne leur prête guère d’attention. Il y a pourtant en eux une part de magie. Le nombril est une cicatrice qui remonte aux origines de l’homme ; la minuscule arobase est un caractère qui nous met en relation écrite avec la planète.
Ils se ressemblent encore en ce qu’ils ne sont que des auxiliaires, des intermédiaires.
Le plus important est quand même ce qui précède et suit l’arobase. De même, ce qui se situe au-dessus et au-dessous du nombril — pardon, Milan Kundera — concourt avec plus de liant à la communication érotique.