9 h 30.
Ils étaient quatre, réunis autour d’une petite table rectangulaire au milieu de leur open space, dernier étage du 36, quai des Orfèvres.
Jacques Levallois, le plus jeune de l’équipe. Pistonné quelques années plus tôt par son oncle, mais un bon gars, discret, opérationnel, qui se bonifiait avec l’âge. Pascal Robillard, le cérébral qui s’éloignait rarement de son ordinateur sauf cas extrême ou pour se rendre dans une salle de sport afin d’y pratiquer des exercices de musculation intensifs. Franck Sharko, le vieux de la vieille, et finalement Nicolas Bellanger, leur chef.
Une équipe à laquelle manquait Lucie, dont le bureau était resté vide à l’entrée de la vaste pièce décorée de posters plutôt masculins, de plans de Paris, de photos personnelles épinglées derrière chaque espace de travail.
Tous avaient écouté une copie du message sur l’enregistreur numérique, de bon matin. Rien de tel pour vous réveiller un policier. Nicolas Bellanger n’avait pas meilleure mine que la veille. Il se tenait debout, à proximité d’un tableau blanc où il avait déjà noté quelques informations au marqueur noir. Par la grande fenêtre, pas un seul nuage. On prévoyait, encore aujourd’hui, des températures records. Les cerveaux risquaient de cuire sous les combles, les organismes allaient souffrir.
Étalés devant le chef de groupe, à côté d’un paquet de feuilles, douze visages apeurés.
Douze filles probablement disparues.
Dessous, les douze victimes photographiées de dos, nues, rasées, avec leurs mystérieux tatouages à l’arrière du crâne.
Les flics avaient tous un gobelet de café à la main, sauf Robillard, grand amateur de lait froid et ultra protéiné qu’il ramenait dans une bouteille Thermos.
— Bon… fit Bellanger. On procède en deux temps : faire la liste de ce dont on dispose pour le moment, et déterminer où on va. Je suis passé aux labos de la Scientifique ce matin. Ils ont bien bossé pour nous. Les nouvelles sont nombreuses mais ce n’est pas joli-joli, ce que je vais vous apprendre. On risque de passer une sale fin de mois d’août.
— Tu nous mets l’eau à la bouche, ironisa Robillard.
Le jeune lieutenant Levallois eut un rire nerveux. Il était le « négatif » de Robillard, tant physiquement que psychologiquement. Poids plume, pas du tout sportif, mais sans cesse sur le terrain, à fouiner, interroger, coordonner, mener les enquêtes de proximité. Il prit son stylo et le fit tourner entre ses doigts. Nicolas Bellanger plaqua la photo de la fille aux iris laiteux sur le tableau blanc à l’aide d’un aimant.
— On sait qui elle est ? demanda Sharko.
— Non. Mais on sait ce qu’elle a fait.
Sous la photo, il nota, au marqueur rouge, « cambrioleuse ».
— Ses empreintes digitales ne sont pas inconnues de nos fichiers. On les a trouvées dans deux maisons cambriolées au nord de Paris. Les effractions ont eu lieu il y a un peu plus de deux ans, à quelques semaines d’écart.
Il y eut un silence, le temps que les hommes intègrent l’information.
— Une cambrioleuse, dit finalement Robillard. Elle n’est donc pas tout à fait innocente. Et qu’est-ce qu’elle dérobait ?
Bellanger poussa dans sa direction une feuille qui ressemblait à un PV.
— À toi de me dire. Je veux tout savoir sur cette affaire. C’est le commissariat d’Argenteuil qui a bossé là-dessus. Mets-toi en contact avec les enquêteurs, creuse le sujet à fond. Cette fille et les onze autres ont peut-être un autre point commun que leur apparence physique ou leur origine sociale.
— Tu penses à un réseau, c’est ça ? fit Sharko. Des filles qui bosseraient ensemble ?
— En tout cas, ça pourrait expliquer pourquoi personne n’a jamais signalé leur disparition. Elles viennent peut-être de l’étranger ou sont en situation irrégulière, un truc dans le genre.
Le chef but une gorgée de café. Froid, déjà. Il grimaça et posa son gobelet sur la table.
— Ensuite… Petit point technologique : on a clairement identifié le réseau WIFI que Macareux piratait pour diffuser, semble-t-il, les images de sa caméra. On dispose des autorisations du propriétaire pour accéder aux traces, il a même mis à disposition son ordinateur. Un expert informatique est déjà sur le coup. Il va se mettre en contact avec le fournisseur de services Internet. Ça devrait aller vite, pour une fois.
— En gros, on pourra bientôt savoir si de sales petits pervers mataient ces images et remonter jusqu’à eux ? demanda Levallois.
— En théorie.
Bellanger consulta ses notes.
— Alors ensuite… Le carnet trouvé par Franck sous le plancher n’a rien révélé aux ultraviolets. Les laborantins vont le passer à des techniques plus poussées comme la fumigation, pour la recherche de traces papillaires.
Il lorgna en direction de Robillard, encore.
— Tu jetteras un œil au contenu de ce carnet dès que possible ? Cette histoire de Styx, et tout l’intérieur, avec ces cercles reproduits à l’infini. À première vue, c’est juste le délire d’un maniaque, mais on ne doit rien négliger.
— Dès qu’il me poussera un troisième bras, j’essaierai.
— Très bien. Concernant les tatouages, va falloir creuser, là aussi. On ne comprend pas. Aux labos, dans le domaine médical, chimie, physique, tout ce que vous voulez, ça ne dit rien à personne. Ils peuvent représenter n’importe quoi, ces lettres et chiffres.
Nouveau coup d’œil sur son petit carnet Moleskine.
— Les tableaux maintenant… Il y a quelques traces papillaires, mais comme le propriétaire y a touché, et qu’ils étaient entreposés dans son garage, ça ne facilite pas la tâche des techniciens. Bref, va falloir vérifier tout ça, sans la certitude d’en tirer quoi que ce soit d’intéressant. Par contre, on en sait plus au sujet de ces deux tableaux grâce à un type calé en peinture de la Section documents et traces, qui les a vus et reconnus en arrivant au labo ce matin. Ce sont des copies d’œuvres de Rembrandt.
Robillard siffla entre ses dents.
— Rembrandt… Notre taré a bon goût !
— Le laborantin a fait une petite recherche sur Internet, il ne se rappelait plus les titres exacts ni les dates. L’un des tableaux, celui aux nombreux personnages, s’intitule (il lut sur son petit carnet) Leçon d’anatomie du docteur Tulp, il date de 1632. L’autre, c’est Leçon d’anatomie du docteur Deyman, peint en 1656. Le premier tableau, Tulp, commémore une dissection annuelle à Amsterdam, réalisée devant trois cents spectateurs.
Le capitaine de police nota ces informations sur le tableau blanc, sous la photo de la fille aux iris blanchâtres. Entre-temps, Sharko demanda à Robillard de faire une recherche sur le Net et d’afficher le tableau Leçon d’anatomie du docteur Tulp. Le lieutenant s’exécuta et tourna son écran vers eux.
Sharko pria Levallois et Bellanger de s’approcher de l’image affichée sur tout l’écran.
— Regardez bien les expressions glaciales des observateurs, leurs yeux inquisiteurs orientés vers les entrailles du cadavre, expliqua-t-il. Il y a comme une forme de jouissance secrète là-dedans, une satisfaction à braver l’interdit. Ces hommes ne sont pas n’importe qui, voyez leurs vêtements, leurs traits soignés, leur élégance.
— Des médecins ?
— Oui. Des privilégiés qui partagent un moment rare, c’est certain. L’un agit en maître d’œuvre, les autres sont attentifs et aimeraient peut-être aussi plonger leurs mains dans les entrailles. Notez, l’endroit dans lequel ils se trouvent est sombre, secret. Je crois qu’il s’agit là de gens qui ont le pouvoir, qui s’offrent l’interdit. À votre avis, à quoi pensait Macareux en s’endormant ou en se tripotant face à ce tableau ?
Il garda le silence un temps, se dirigea doucement vers la fenêtre. En contrebas, le Seine, le Pont-Neuf. Paris rayonnait comme un diamant sous le soleil.
— Il croyait peut-être avoir autant de pouvoir qu’eux ? proposa Bellanger.
Sharko se retourna et revint vers l’ordinateur.
— Sans doute, oui. Le pouvoir… « Nous sommes ceux que vous ne voyez pas, Parce que vous ne savez pas voir. » Il y a de la condescendance dans ce message, du mépris. L’expression d’un pouvoir, comme tu dis. « Nous » se surestime, se croit supérieur aux autres. D’un autre côté, « nous » appartient forcément au commun des mortels, fait partie de notre quotidien. « Nous » n’est pas un marginal, il n’exprime pas forcément sa différence, sinon, nous le verrions.
Il pointa son index vers le cadavre.
— Seconde partie du message : « Nous prenons sans rendre. La vie, la Mort. Sans pitié. » Vous vous souvenez de la majuscule à « Mort », et non à « vie » ?
— Ça ne m’avait pas marqué, fit Levallois.
— C’est pourtant primordial. Il n’a pas de respect pour la vie, par contre, il en a pour la mort. Comme sur le tableau. Ces gens prennent la mort, elle a quelque chose de fascinant pour eux, ou alors d’effrayant, et c’est pour cette raison qu’ils essaient de la comprendre, de l’apprivoiser par l’intermédiaire de leçons d’anatomie.
Il se dirigea vers le tableau blanc et nota dans un coin.
— Ces cercles, en fin de message, sont une signature. Ce ne sont pas des initiales comme au bas des dessins trouvés dans la boîte à chaussures. C’est un symbole. Peut-être celui de l’appartenance à un groupe, à un clan. Ça confirme l’hypothèse que nous avons affaire à plusieurs individus, unis par… quelque chose qu’ils partagent, ou des affinités qui leur ont permis de se découvrir, de se rassembler. Il faudrait faire des recherches sur ce symbole.
— Difficile parce qu’il n’y a rien de concret à saisir dans les moteurs de recherche mais je vais essayer, fit Robillard.
Sharko retourna s’asseoir pour boire son café en silence, l’œil rivé vers le tableau blanc et ses différentes notes. Ses trois coéquipiers vinrent le rejoindre.
— Et donc, tu penses qu’ils sont plusieurs à avoir enlevé ces filles ? demanda son chef.
— Non. Je crois que ces enlèvements appartiennent à Macareux, et rien qu’à lui. Cette maison, cette carrière, c’était son petit endroit secret, son repaire, le cocon où ses fantasmes pouvaient s’exprimer. Il ne partageait avec les autres que par l’intermédiaire de la caméra, je pense.
Sharko réfléchit.
— Sinon, niveau ADN, empreintes et tout le toutim, la Scientifique a quelque chose, que ce soit dans la carrière ou la baraque ? demanda-t-il.
— Rien pour le moment, mais ils cherchent encore. D’ailleurs, ils vont passer le jardin et les environs au crible, avec des chiens et du matériel de détection, pour voir s’il n’y a rien d’enterré là-dessous. Si ces filles sont mortes, les corps sont forcément quelque part. Onze cadavres, ça laisse des traces. Il va falloir très vite quelqu’un de chez nous sur place. Après la réunion, tu retourneras là-bas et tu prendras en charge la coordination, Jacques, OK ?
Levallois acquiesça, Bellanger poursuivit :
— Mis à part tout ça, on a une piste sérieuse. Ça concerne le contenu de l’un des sachets en plastique que tu as trouvés sous le plancher, Franck.
On aurait pu entendre une mouche voler. Le capitaine de police sortit des photos de sous le paquet de feuilles.
— Là, il faut s’accrocher.
Il poussa un cliché vers ses subordonnés. La photo circula de main en main. Dessus, un gros plan sur le portefeuille. Les traits de Nicolas Bellanger se crispèrent.
— C’est de l’artisanal, du fait main.
Il avait lâché ça d’une voix blanche, ses mots étaient lourds de sens. Robillard leva deux yeux sombres.
— Du fait main… T’es quand même pas en train de nous dire…
— Il est fabriqué à base de peau humaine tannée et d’intestins pour les coutures.
Les hommes se regardèrent, stupéfaits. Robillard, toujours prêt à sortir une blague, gardait cette fois un visage impassible.
Bellanger reprit son souffle et poursuivit :
— L’analyse ADN a révélé la présence du chromosome X. Autrement dit, ce portefeuille a été fabriqué à partir… de la peau d’une femme.
— Bon Dieu, souffla Sharko.
Le lieutenant peina à s’imaginer la scène. De pauvres victimes couchées, peut-être encore vivantes, qu’on écorchait et éviscérait. Il se rappela les propos sur l’enregistreur numérique, ces ignobles « recettes de cuisine » exposées par le tueur.
— Celui-là, il est en bonne place pour figurer dans notre top, ne put s’empêcher d’ajouter Robillard.
— Et dans une poche intérieure sont gravées les initiales CP. Celui qui a fait ça a laissé sa marque.
— Il n’a pu s’empêcher de signer… Comme pour les dessins.
— Sauf que ce sont deux personnes différentes, précisa Sharko. PF pour les dessins, CP pour le portefeuille. C’est dément.
— Nouvelle preuve qu’ils sont plusieurs, continua Bellanger. Les dents aussi appartiennent à une femme. Ou plutôt, des femmes. On a quatre ADN distincts, et différents de celui du portefeuille.
À chaque seconde, les quatre hommes sombraient un peu plus dans l’horreur. Ils avaient déjà eu de sales affaires à gérer, mais celle-ci s’annonçait terrible. Nicolas Bellanger termina son café en silence, puis poussa d’autres photos. Gros plans sur les rognures d’ongles, les cheveux, les dessins trouvés dans la boîte.
— Voilà à présent le point d’orgue de nos découvertes, j’aime autant vous dire que les machines et les fichiers ont mouliné depuis hier, et qu’on a monopolisé toutes les ressources des labos. On a analysé ces rognures d’ongles et ces mèches de cheveux. Ils appartiennent à la même personne, un homme en l’occurrence. J’ai fait tirer un profil ADN que j’ai soumis au FNAEG, il y a une heure à peine. On a obtenu un enregistrement. Une identité. Je sais qui est le PF qui a signé les dessins.
— Qui c’est, ce fils de pute ? s’énerva Robillard, saisissant son gobelet vide d’une main ferme.
— Pierre Foulon.
Le nom claqua dans toutes les têtes. Pierre Foulon, tueur en série, auteur de sept meurtres. Sept jeunes femmes qu’il avait kidnappées, tuées, dépecées et mangées en partie. Une véritable figure du Mal. On connaissait bien l’individu, dans les locaux, parce qu’il avait été interpellé par le « groupe Lemoine », une équipe du 36 installée dans les bureaux voisins.
Le tueur croupissait depuis cinq ans à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, sur l’île de Ré. Condamné à perpétuité avec une sûreté de trente ans.
Robillard avait transformé son gobelet en fleur et arrachait de fines lamelles de plastique. Levallois avait arrêté de faire tourner son stylo entre ses mains. Les visages étaient pétrifiés.
— L’enregistrement audio, c’était donc lui, dit Sharko. C’était lui qui déversait ces horreurs et expliquait comment il se délectait de ces femmes. C’est aussi lui qui a signé les dessins PF. Pierre Foulon…
— Et on peut m’expliquer ce que les ongles et les cheveux d’un mec enfermé en taule jusqu’à la fin de ses jours font sous le plancher de cette maison ? demanda Levallois. Comment c’est arrivé entre les mains de Macareux ?
— Il va falloir répondre à cette question, fit Bellanger. Mais en tout cas, les deux hommes ont forcément été en contact. Que ce soit avant ou après l’incarcération de Foulon. Je vais me mettre en relation avec le greffe de la maison centrale pour qu’on puisse accéder au registre des parloirs pour le numéro d’écrou de Foulon, histoire de savoir qui lui a rendu visite depuis sa détention.
Nicolas Bellanger nota une identité sur son tableau blanc. Albert Suresnes. Un lieutenant de l’équipe Lemoine, leurs voisins de bureau.
— Je vais demander à Albert d’aller à sa rencontre. Il connaît bien le dossier Foulon et…
— Pourquoi tu veux faire appel à lui, tu ne me fais plus confiance ? l’interrompit Sharko, un poil nerveux. J’ai un peu suivi l’affaire, et je connais ce genre de mecs mieux que quiconque.
Bellanger parut embarrassé.
— Je ne sais pas, Franck. Rappelle-toi, quand on a pénétré la maison de Saint-Léger… Et puis, tu m’as dit toi-même que si ça allait trop loin…
Les poings de Franck s’étaient serrés. Il fixa les photos des douze filles alignées devant lui. Un concentré de démence. Des yeux qui le suppliaient. Qui criaient à l’aide et réclamaient justice.
— J’assurerai. Je veux y aller. Foulon adore être sous les projecteurs, c’est un pervers narcissique de la pire espèce. Il va se jeter sur l’occasion de discuter avec un flic. Je saurai quoi faire. Je vais aller rencontrer ce fumier et lui faire cracher tout ce qu’il sait.
Bellanger hésita. Sharko se tenait droit, debout face à lui, et c’était difficile de lui refuser quoi que ce soit.
— T’es bien sûr de toi ?
— Absolument.
Ses yeux noirs n’offraient pas vraiment d’alternative à Bellanger.
— Bon, OK, mais pas le droit à l’erreur, on n’aura pas de deuxième chance. Tu vas quand même passer quelques heures au brief avec Suresnes ou Lemoine, auparavant, pour savoir comment s’y prendre avec Foulon. Ce type est à manipuler avec des pincettes. Je m’occupe des autorisations et de la paperasse, ça risque de prendre toute la matinée, mais on a le juge avec nous qui va accélérer la machine.
Il réfléchit quelques secondes.
— Le plan, c’est que tu te rendes sur place en voiture pour consulter le registre en fin de journée si tout va bien. Et demain, tu t’offres une petite discussion avec Foulon. T’auras du temps pour gamberger, histoire d’être prêt à affronter cette ordure. (Il regarda sa montre.) Allez, au taf. Je suis dans mon bureau, on reste en contact à la moindre info.
Tous se levèrent et regagnèrent leur place sauf Sharko, qui resta immobile, se massant les tempes, les yeux clos. Dans sa tête, il vit le visage de Foulon et ses gencives couverte de sang. Il se remémora tous ces morceaux de corps qu’on avait retrouvés enterrés dans son jardin. Il se rappela aussi les ignobles vidéos que le groupe Lemoine avait récupérées chez le tueur, à l’époque. Foulon avait filmé tous ses actes.
Tout le monde, à la Criminelle, avait maté ces horreurs. Parce que c’était le job, et qu’il fallait savoir.
Soudain, il rouvrit les yeux. Parcouru de picotements, il regarda ses mains qui tremblaient un peu. Il les glissa sous la table et sentit quelque chose au fond de son ventre.
Quelque chose qui ressemblait à de la peur.
Le Boucher, comme on avait surnommé Pierre Foulon, risquait de la flairer à des kilomètres.