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Lundi 20 août 2012


Les clients qui sortaient de L’Olympe se faisaient de plus en plus rares.

Il était 2 h 55, et le club fermait ses portes cinq minutes plus tard.

Lucie et Bellanger, enfermés dans leur véhicule, l’un au début de la rue, et l’autre à la fin, communiquaient par portables.

— Elle est forcément passée devant toi, fit Nicolas. Sur la droite peut-être, ou alors…

— Je te garantis que non.

Le capitaine de police ne tenait plus en place. Il avait réduit son paquet de cigarettes en miettes et n’avait plus rien à fumer. La tête lui tournait, une barre douloureuse cognait derrière son front. D’autres silhouettes apparurent à la sortie du club, le flic tendit le cou. Ses espoirs s’envolèrent lorsque le couple passa devant lui et se dissipa dans la nuit.

— On ne peut pas rester comme ça ! beugla-t-il dans le téléphone. On ne peut pas les laisser fermer les portes !

Lucie essayait de jongler entre son chef et les SMS que Sharko lui envoyait pour prendre des nouvelles.

— Ils vont nous attirer des emmerdes si on leur rentre dedans, répliqua Lucie. On ne sait pas où taper ni qui aborder, et on n’est que deux, sans papiers, sans perquise. Ces gars-là connaissent la loi, et le divisionnaire ne veut pas de vagues. Officiellement, on n’est pas là. (Elle poussa un lourd soupir.) Ça fait quatre heures qu’on n’a aucune nouvelle de Camille, je pense qu’elle n’est plus là.

— Plus là ? répliqua Nicolas. Où est-elle, alors ?

— Des centaines de kilomètres de catacombes s’étendent sous Paris. Peut-être qu’il y a une autre sortie que ce club. Peut-être que…

Un silence. Mais il fallait se rendre à l’évidence, alors Lucie termina sa phrase :

— Peut-être qu’elle s’est fait repérer.

Elle plaqua l’arrière de son crâne contre l’appuie-tête et écrasa ses paupières avec ses doigts. Cette interminable attente était un véritable cauchemar, et elle ne tenait presque plus debout.

Quelques minutes plus tard, les lumières du club s’éteignirent. Un groupe d’employés, sans doute, sortit et se dispersa rapidement. Lucie scruta chaque silhouette, chaque visage dans son rétroviseur. Ses ultimes espoirs d’apercevoir Camille s’évanouirent.

Toute vie quitta la rue. Juste le silence. La palpitation de quelques lumières lointaines.

Où était la jeune femme ? Bellanger ne voulait pas quitter son emplacement, il s’accrochait, luttait, persuadé qu’elle finirait par ressortir, mais Lucie réussit à le convaincre de lever le camp.

Les deux policiers se retrouvèrent quelques rues plus loin. Lorsqu’il se gara, Bellanger manqua de percuter un lampadaire, le pneu de la 206 en prit un coup. Lucie n’avait jamais vu son chef dans un état pareil. Celui-ci tituba en sortant.

— Qu’est-ce qui a merdé ? murmura Nicolas d’une voix tremblotante. Faut qu’on la retrouve. Faut que… (Il secoua la tête.) Elle ne peut pas être entre les mains de ce type, sinon, elle est morte, Lucie.

Il s’appuya sur sa voiture, les deux mains sur le front. Épuisé moralement. Physiquement. Ses nerfs craquaient, d’un coup, comme les vannes d’un barrage qui se rompent.

Lucie le soutint et l’amena jusqu’à son propre véhicule.

— T’es pas en état de conduire. On viendra rechercher ta voiture plus tard.

Elle lui prit les clés des mains, gara correctement le véhicule et verrouilla les portes.

Puis se mit en route, son chef à ses côtés.

— Je te ramène chez toi. Il faut que tu dormes un peu.

Trois minutes plus tard, Nicolas Bellanger sombrait.

Lucie envoya un SMS bien pessimiste à Sharko :

On rentre sans Camille. On ne sait pas où elle est. Ça a foiré, Franck. Je crois que CP l’a eue.

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