— Excuse-moi Caroline, je n’ai pas pu te rappeler avant. Je suis entre deux urgences et dans dix minutes, j’ai une réunion qui ne s’annonce pas comme une partie de plaisir. Comment vas-tu ? Et les enfants, et Olivier ?
— Tout le monde va bien, merci. Tu viens toujours dans quinze jours ?
— Bien sûr, ça me fera du bien de vous voir.
— On aura quelque chose à fêter parce que, tiens-toi bien, j’ai une grande nouvelle pour toi ! Tu te souviens de Véronique, ma copine de fac, celle qui est devenue directrice dans les cosmétiques ?
— Elle était à ta fête pour tes quarante ans ? Des jambes interminables et des yeux bleus comme l’eau de la cuvette quand on vient de changer le bloc ?
— Si un jour tu lui parles de ses yeux, sois gentille de le faire autrement parce que tu peux lui être reconnaissante. Elle part pour un an aux États-Unis et elle te laisse son appartement, rue Victor-Hugo en plus.
— Mais c’est dans les beaux quartiers. Je ne vais jamais avoir les moyens de lui louer ça !
— C’est là qu’arrive la bonne nouvelle. Véronique ne veut pas le sous-louer, tu lui gardes son appart, tu arroses les plantes et basta. De toute façon, elle compte le réaménager en rentrant.
— Elle est riche ou elle est généreuse ?
— Un peu les deux, je crois. Et puis on s’aime bien et je lui ai dit ce que Hugues t’avait fait…
Je reste sans voix. Caroline ajoute :
— Elle part tranquille, sa boîte lui paye tout, et ça te laisse un an pour te retourner. Ça arrange tout le monde. Qu’est-ce que tu en dis ?
J’ai du mal à y croire. Je bafouille :
— Si c’est vrai, c’est effectivement une super nouvelle.
— Mais c’est vrai ! Arrête de tout voir en noir ! Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles dans la vie. Tu l’appelleras pour la remercier.
— Compte sur moi. Merci Caro, tu es vraiment mon ange gardien.
— Je n’y suis pour rien ! Et bon courage pour ta réunion.
Elle raccroche. Je reste comme une gourde assise à mon bureau, avec le téléphone collé à l’oreille. Émilie passe la tête.
— Dépêche-toi, tout le monde est déjà installé dans la grande salle et Deblais veut te voir avant…
Je lève les yeux vers elle.
— J’ai un appart. Tu peux le croire ?
— Génial ! Et maintenant active, tu me raconteras après.