— J’ai bien reçu votre message, Heather, mais pardonnez-moi, je n’ai pas pu vous rappeler plus tôt. Comment allez-vous ?
— Tout va bien. Si vous avez un peu de temps, il faudra que je vous parle de la fabrique.
— Des soucis ?
— Non, la production va bien mais ici, Addinson dépasse les bornes. C’est un abruti, un sale macho, et à force de ne se battre que pour son petit pouvoir, il fait courir des risques à tout le monde. Si je pouvais, je le licencierais bien…
— Pourquoi vous gêner ? Vous êtes la directrice. Mais faites attention, c’est un sournois. Il vous faut un motif valable, et ne dévoilez pas vos intentions sans un dossier très solide. Si vous l’attaquez, ne vous contentez pas de le blesser. Tuez-le du premier coup, sinon il deviendra redoutable…
— C’est ainsi que je l’envisageais. J’ai donc votre accord de principe ?
— Vous avez même mes encouragements, mon appui si nécessaire et mes félicitations assurées quand vous en aurez fini avec lui !
— Merci, monsieur. Dans un autre domaine, j’ai enfin réussi à obtenir les renseignements sur Vandermel Immobilier.
— Qu’en est-il ?
— Ils ont développé quelques programmes de zones pavillonnaires répartis sur l’ensemble du territoire français. Ils n’ont pas spécialement mauvaise réputation. Les maisons qu’ils construisent présentent quelques malfaçons, mais rien que d’habituel aujourd’hui d’après ce que l’on m’a expliqué. Le seul point plus ennuyeux concerne la façon dont ils achètent les terrains. Plusieurs vendeurs se sont plaints de pressions et d’achats à la limite de la légalité. Vous avez affaire à eux ?
— Pas directement, mais ils convoitent une parcelle à laquelle je suis un peu attaché.
— Alors soyez vigilant. Je vous envoie par mail tous les chiffres que j’ai pu rassembler sur eux.
— Merci, Heather. Merci beaucoup. La dernière fois, vous trouviez que ma voix avait changé, mais c’est aussi le cas pour la vôtre. Vous vous affirmez. J’en suis heureux. Ce poste était fait pour vous.
— J’ai toujours aussi peur de faire des bêtises, mais j’apprends à ne plus le montrer.
— Chère Heather, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. La mauvaise, c’est que cette peur ne vous quittera jamais.
— Et la bonne ?
— Sans elle, on ne progresse jamais. Regardez ce crétin d’Addinson, lui n’a peur de rien. Je vous embrasse.