En fin d’après-midi, Lucien est arrivé à la nage. Il est sorti de la Méditerranée, essoufflé.
Il y avait encore du monde sur la plage et dans l’eau. Le soleil était déjà bas, mais il faisait toujours chaud. Le sable sillonné d’empreintes était tiède. L’air sentait le sucre des beignets, le sel des baraques à frites et le vent portait les rires et les cris de joie en direction du ciel, une symphonie comme seule la mer sait en faire jouer aux enfants un soir de vacances.
Hélène était étendue sur sa serviette, sous un parasol. Elle lisait un roman et portait un maillot de bain orange deux pièces. Il s’est allongé près d’elle, sur la serviette à côté où ses vêtements secs étaient roulés en boule depuis trente-cinq ans. Il s’est essuyé et a enfilé sa chemise froissée. Elle lui a souri. Elle avait du sable dans le nombril, il l’a enlevé du bout des doigts. Sa peau était chaude et légèrement collante, un mélange de monoï et de sueur. Elle a frissonné et lui a dit, Je sais lire maintenant, écoute. Il a répondu, Je t’écoute et après, on repart tous les deux. Elle a fait oui de la tête. Elle a mouillé son index, a tourné plusieurs pages, a choisi un extrait du roman et a commencé à lire.