Lorsqu’ils virent M. Ferreira étendu dans l’herbe, ils le crurent mort. Thomas se précipita près de lui tandis que Pauline réconfortait Françoise, sous le choc.
— Que s’est-il passé ? demanda le médecin en contrôlant le pouls de la victime.
La vieille dame répondit d’une voix hoquetante :
— Il regardait les chevaux. Il m’a expliqué que lorsqu’il était petit, il faisait de l’équitation. Il a parlé d’un cheval qui s’appelait Tempête et des heures qu’il avait passées à galoper avec lui. Il semblait très ému. Il a voulu les attirer pour les caresser, alors on a cueilli de l’herbe. Ils sont venus mais ils se tenaient encore trop loin pour qu’il puisse les toucher. Il s’est appuyé sur cette satanée barrière pour tenter de les atteindre…
— Mais elle est électrifiée ! s’exclama Pauline.
— Il s’est raidi et il est tombé comme un piquet… C’est horrible.
Francis arriva à son tour, un peu essoufflé.
— Il ne peut pas être mort, fit-il, catégorique. Pas Jean-Michel.
— Et pourquoi, s’il vous plaît ? interrogea Françoise.
— Parce qu’il ferait mentir l’adage qui assure que ce sont les meilleurs qui s’en vont les premiers.
Thomas posa son oreille sur la poitrine de l’électrocuté.
— Il respire. Monsieur Ferreira, est-ce que vous m’entendez ?
Le docteur lui prit la main.
— Si vous me comprenez, si vous me sentez, serrez ma paume.
Le docteur vit les doigts se replier lentement. Le vieil homme ouvrit un œil et demanda :
— Les chevaux sont toujours là ?
— À quelques mètres.
— Pouvez-vous m’aider à me redresser ? Je voudrais les regarder.
Francis prêta main-forte au docteur pour asseoir Jean-Michel face à l’enclos.
— Ils sont beaux, pas vrai ?
— Magnifiques, approuva Thomas. Vous nous avez fait peur.
— Je me sens bizarre, mais je crois que tout va bien. J’ai pris une sacrée décharge.
Un sourire presque enfantin se dessina sur son visage pendant qu’il fixait les chevaux.
— Docteur ?
— Oui ?
— Est-ce que vous pouvez au moins me le prêter, le petit château ?