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Olivier avait dû régler le plateau hydraulique sur « siège éjectable d'avion de chasse » parce que Victor a effectué un bond record. Il fait merveille dans son numéro de contremaître qui a laissé sa chance au jeune homme sans diplôme.

Norbert a quitté son internat. Celle dont il a fini par identifier la voix aussi. Ils ont trouvé du travail dans la même ville, mais le jeune homme timide ne lui a pas encore avoué ses sentiments. Dans la scène suivante, Norbert et Laura doivent dîner ensemble pour la première fois, et il compte bien lui avouer qu'il l'aime depuis le premier soir. Karim joue le patron du restaurant.

En attendant, dans l'usine, jongleurs et acrobates font voltiger en musique les boules rutilantes que Norbert est supposé fabriquer sous la surveillance de son chef d'équipe. Le ballet aérien est impressionnant. Discrètement, Arnaud se faufile pour récupérer son protégé, le changer et le remettre en place pour le tableau suivant. Pendant ce temps, Victor sort de scène, en nage après s'être démené. Eugénie l'attrape au vol.

— Comment tu te sens ?

— Je vais crever. Je veux une plus grande loge, un pourcentage sur les entrées, des assistantes avec de gros seins et une doublure, parce que si tu me fais faire ça tous les soirs, je ne tiendrai pas la saison.

— Il te reste assez d'énergie pour débiter des âneries, à ce que je vois.

— Je le ferai jusqu'à mon dernier souffle, Cocotte dodue. Et toi, tu tiens le choc ?

— J'ai l'impression d'être ligotée à l'avant d'un wagonnet de montagnes russes que plus personne ne contrôle…

— Tu vas finir par vomir.

— C'est fait. Trois fois. Je ne suis pas une pile électrique, je suis une centrale nucléaire au bord de la fusion. Après les premiers tableaux, il m'a semblé que le public mettait un temps infini avant d'applaudir.

— Ça y est, t'as chopé le melon ! Madame veut son triomphe à la seconde !

— Tu n'as pas eu peur qu'ils n'aiment pas, toi ?

— Bien sûr que si, mais je ne le dirai jamais. Je les aurais tous giflés tellement je les ai trouvés longs à acclamer Laura.

— Elle est fabuleuse.

— Ils le sont tous.

— Même toi, c'est dire si le niveau est bas !

— Il faut que j'aille me changer. Jette un œil sur Nicolas, je crois qu'il boit en cachette pour tenir le coup.

— Tu rigoles ?

— Demande-lui de te souffler dans le nez.

Alors qu'il s'éloigne, elle le rappelle :

— Victor.

— Quoi ?

— Tu te souviens, lorsque tu m'as demandé quelle serait ma journée idéale ?

— Très bien. Tu es sûre que c'est le moment de parler de ça ?

— Probablement pas, mais je voudrais modifier ma réponse.

— Alors, c'est quoi ta journée idéale ?

— Aujourd'hui.

— Pardon ? On risque notre avenir, tu donnes des ordres à tout le monde, tu menaces même ceux qui traînent, tu empêches tes comédiens d'aller se changer et tu pousses des braves types à boire ? C'est ça ta journée idéale ?

— Non, Coincoin. Ma journée parfaite, c'est d'avoir quelque chose à faire avec toi, des projets avec les enfants et avec tous ces déjantés. J'ai envie de vivre avec toi.

— Il te faut vraiment un bordel pareil pour te sentir vivante ?

— C'est bien possible.

Ils se regardent avec intensité.

— Arrête de m'appeler Coincoin, c'est ridicule.

— Va te changer, tu es en retard.

Céline passe la tête. Elle est hilare.

— C'est vrai, Coincoin, t'es super à la bourre, moi je suis prête !

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