Tous mes cinq cens — yeulx, oreilles et bouche,
Le nez et vous, le sensitif, aussi —
Tous mes membres ou il y a reprouche,
En son endroit chascun dyë ainsi :
« Souveraine court, par qui sommes icy,
Vous nous avez gardez de desconfire.
Or la langue seule ne peut souffire
A vous rendre souffisante louanges :
Si parlons tous, fille du souverain Sire,
Mere des bons et seur des benois anges. »
Cueur, fendez vous ou percez d’une broche
Et ne soyez, au moins, plus endurcy
Qu’au desert fut la forte bize roche
Dont le peuple des Juifz fut adoulcy !
Fondez larmes et venez a mercy
Comme humble cueur qui tendrement souspire !
Loez la Court conjoincte au Saint Empire,
L’heur des François, le confort des estranges,
Procree lassus ou ciel empire,
Mere des bons et seur des benois anges !
Et vous, mes dens, chascune si s’esloche !
Saillez avant, rendez toutes mercy
Plus haultement qu’orgue, trompe ne cloche,
Et de mascher n’ayés ores soucy !
Considerez que je feusse transy,
Foyë, poumon et rate qui respire !
Et vous, mon corps, qui vil estes et pire
Plus qu’ours ne porc qui fait son nyc es fanges,
Louez la Court avant qu’il vous empire,
Mere des bons et seur des benois anges !
Prince, trois jours ne vueillez m’escondire
Pour me pourvoir et aux miens adieu dire :
Sans eulx argent je n’ay, icy n’aux changes.
Court triumphant, fiat, sans me desdire,
Mere des bons et seur des benois anges !