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En suivant l’armada silencieuse, Sharko avait l’impression d’évoluer dans un rêve. Les gigantesques demeures subtilement éclairées, les rues trop rectilignes, les boutiques colorées qui se succédaient avaient l’air d’être sans substance, en deux dimensions. L’ensemble lui semblait faux, on aurait dit du carton-pâte.

Tout en courant, il jeta un regard vers un bloc de ciment à un étage sur sa droite qui, dans la nuit, était d’un blanc immaculé. Au-dessus de l’entrée était indiqué « Clinica ». Sharko marqua le pas, interloqué, et fronça les sourcils. Il avait eu l’impression de voir les portes automatiques se refermer.

Casu le poussa dans le dos pour coller au groupe, puis le feu de l’action l’entraîna vers le fond du décor, tandis que des chiens se mettaient à aboyer un peu partout, depuis l’intérieur des propriétés.

Les hommes traversèrent un jardin paysager avant de gagner une allée bordée de fleurs. Ça sentait le paradis. Un gros Range Rover était garé devant l’immense résidence, dont les lumières à l’étage étaient allumées.

Avec des gestes rapides et précis, le leader signala à ses subordonnés de foncer. La porte vola en éclats, le système d’alarme se mit à hurler. Les hommes plaquèrent leurs mains sur leurs oreilles. L’un d’entre eux trouva la sirène qui était trop haut perchée pour qu’on l’atteigne. Alors, il ouvrit le feu. Le calme revint et soulagea les tympans. Ensuite, ils se précipitèrent vers l’étage, torches et fusils braqués, et entrèrent dans la chambre d’où venait la lumière.

La pièce était vide. Sur la droite, un écran allumé, montrant l’entrée de la résidence et les policiers devant, émettait un bip régulier : Savage avait donc été au courant de leur présence. Les policiers fouillèrent l’intégralité de la maison, sans y déceler la moindre trace de vie. Le chef de la brigade d’intervention posta davantage d’hommes devant la grille principale de l’entrée de Tamboré et appela des renforts.

Savage se planquait quelque part dans la résidence.

Les policiers, par groupes de deux, se dispersèrent dans diverses directions. Jardins, allée centrale, murs d’enceinte. Au bout de l’allée de la propriété de Savage, l’œil aux aguets, Eduardo Fagundes tira une cigarette d’un paquet et en proposa une à Sharko et à Casu qui refusèrent.

— Il est pris au piège, il ne sortira pas d’ici. On va l’avoir.

— Dans combien de temps les renforts seront là ? demanda Sharko.

— Plus de trente hommes et un hélicoptère vont arriver d’ici une vingtaine de minutes.

Sharko suivit du regard deux policiers qui se dirigeaient vers la clinique, à une trentaine de mètres.

— Je vais avec eux.

Sharko n’attendit pas que Fagundes lui réponde et se mit à courir dans leur direction. Il les rejoignit avant qu’ils pénètrent dans le bâtiment. Sharko leur parla en anglais.

— Je viens vérifier avec vous. Tout à l’heure, quand on est tous passés en courant, je crois que j’ai vu les portes se refermer. Il y a sans doute quelqu’un là-dedans.

Les deux hommes se consultèrent quelques instants, puis le plus grand se tourna vers lui.

— Très bien, mais vous restez en retrait.

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