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Même atténué par les vitres fumées, le soleil du début de matinée était trop intense pour les yeux fatigués de Ben. Dans les locaux du Defence Science and Technology Laboratory, il suivait Karen en essayant de ne rien laisser paraître des douleurs qui se rappelaient à son bon souvenir à chaque pas. L'agent Holt avait beau chercher son chemin, elle ne ralentissait pas pour autant. Après avoir hésité devant les multiples lignes du marquage de guidage au sol, elle reprit son chemin vers la zone rouge en consultant son téléphone.

— Je reçois à l'instant les résultats au sujet du document trouvé dans votre chambre en Égypte.

Elle découvrait le compte rendu en même temps qu'elle lui en faisait part.

— Aucune trace d'empreintes autres que les vôtres… Le document a visiblement été « nettoyé ». Le papier est identique à celui des autres fiches de travail et l'écriture est bien celle du professeur Wheelan.

— Le contraire m'aurait étonné. Reste à savoir par quel miracle ce texte a pu nous échapper et qui l'a fait réapparaître à ce moment précis dans un lieu théoriquement inaccessible.

— Il s'agit manifestement d'une faille dans nos procédures de sécurité. Nous travaillons activement à isoler le ou les points de faiblesse pour résoudre ces dysfonctionnements.

Ben grogna.

— Vous me faites peur, Karen. Je commence à vous connaître. Quand vous utilisez ce ton officiel et ces formules creuses dignes d'un communiqué de presse du ministère, c'est que vous êtes perdue.

La jeune femme ne se déroba pas.

— C'est vrai, nous sommes complètement paumés. Et ça me rend dingue. Nous n'avons pas la moindre idée de la façon dont ce pli a pu arriver jusqu'à vous. Quelle qu'en soit l'explication, elle est inacceptable. Soit nous sommes infiltrés, soit nous sommes incompétents. Peut-être même les deux. Pour le moment, à mon niveau, la seule réaction que je puisse mettre en place en attendant de découvrir ce qui s'est réellement passé, c'est de garder mon arme chargée et de ne plus vous lâcher d'une semelle.

Karen se rendit compte que Ben était essoufflé. Elle ralentit.

Dès leur retour d'Égypte, ils étaient immédiatement repartis à destination d'une anodine petite bourgade située à moins d'une centaine de kilomètres au sud-ouest de Londres. C'est là, dans des locaux banalisés ayant l'apparence d'une entreprise agroalimentaire, que se trouvait le quartier général de l'unité chargée de la veille technologique stratégique du Royaume-Uni. Discrètement, le site était aussi équipé d'un complexe regroupant différentes cellules d'études capables de mener confidentiellement des recherches scientifiques de haut niveau pour le compte du gouvernement.

Lorsque l'agent et l'historien se présentèrent au poste de contrôle de la section de physique appliquée, Ben glissa :

— Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, évitons d'affoler Fanny avec cette histoire de « faille de sécurité ».

— J'approuve.

Sur un ton beaucoup moins assuré, il ajouta ensuite :

— Karen, s'il vous plaît, entre nous, puis-je vous demander de quoi j'ai l'air ? Dites-moi franchement…

L'agent Holt comprit sa préoccupation. À l'heure de retrouver Fanny, Horwood ne voulait pas rater son entrée. La jeune femme mit de côté ses sentiments personnels et le dévisagea avec l'œil critique d'un médecin examinant un patient.

— Voyons voir… Vous n'êtes pas coiffé, vous avez un œil au beurre noir, on dirait que vous avez dormi dans vos vêtements… Diagnostic : vous ressemblez à un écolier qui s'est battu pour garder son goûter et qui a manifestement échoué.

— Très drôle.

Karen lui sourit, rectifia son col, redressa les épaules de son blouson et, en quelques gestes très doux malgré leur vivacité, le recoiffa.

Elle contempla le résultat et conclut avec un petit sourire :

— Vous êtes parfait. Quel tombeur, ce Benji…

Sous le coup de cette familiarité aussi bien physique que verbale, Ben n'eut pas l'air très malin quand le contrôleur leur ouvrit.


Holt et Horwood furent conduits jusqu'à la salle affectée à l'étude de leur projet. Au centre d'un bel espace, Fanny, cheveux attachés et vêtue d'une blouse blanche, s'affairait autour d'une grande table en prenant des notes. Les objets remontés du tombeau étaient disposés devant elle sur le plateau éclairé, chacun sur une des cases numérotées d'un grand quadrillage.

— Enfin vous voilà ! s'exclama-t-elle.

Elle salua Karen et enlaça Benjamin en lui malmenant quelques bleus au passage.

— Trop contente de vous voir ! D'après le peu qu'Alloa a eu le droit de me confier, j'ai compris que ça n'avait pas été simple. Il m'a promis que tu me raconterais tout.

Elle prit le temps d'observer l'historien.

— Tu as l'air épuisé. Par contre, cet œil au beurre noir et ta barbe de deux jours te donnent un côté mauvais garçon très sexy…

Ben aurait sans doute plus apprécié la remarque si Karen n'en avait pas été témoin.

Attiré comme un aimant par les artéfacts, il s'approcha de la table. En les contemplant, il éprouva une étrange sensation, comme si les retrouver dans cet environnement aseptisé leur ôtait un peu de leur magie. Ils semblaient nus, perdus loin de chez eux, orphelins.

— Je suis aussi heureuse que vous soyez là, confia Fanny, parce que j'en ai assez de découvrir chaque jour des données bluffantes et de ne pouvoir en parler à personne sous prétexte que c'est confidentiel. Je n'ai même plus sommeil tellement je suis avide d'avancer ! Chaque information, chaque découverte ouvre de nouveaux champs de recherche. Pas le temps de manger ni de dormir ! Ces trésors m'ont transformée en zombie du savoir. Vous aviez raison en comparant cette affaire à un puzzle. À coup de surprises, les pièces s'assemblent…

— Les photos réalisées sur le site sont-elles correctes ? interrogea Karen, anxieuse.

— On voit qu'elles ont été faites dans l'urgence mais ça reste acceptable. L'endroit devait être magnifique. Quelle émotion ! J'ai fait imprimer quelques tirages, mais un autre service s'occupe de les agencer pour mettre au point une reconstitution 3D du tombeau. En se basant sur les différentes prises de vues, on devrait obtenir un modèle virtuel dans lequel nous pourrons évoluer en image. Ils m'ont promis que tout serait prêt d'ici deux jours.

Depuis son arrivée dans la salle d'étude, Benjamin n'avait pas prononcé un seul mot. La contemplation des reliques l'accaparait. Il enfila une paire de gants de coton. D'instinct, le premier objet qu'il saisit fut le cube en métal dont les faces étaient couvertes de schémas géométriques et d'indications de mesures. L'objet n'était même pas rouillé et la finesse de la gravure surpassait celle des bijoux les plus précieux.

— Celui-là te fascine aussi ? glissa Fanny en s'approchant. J'en ai effectué le relevé. On y trouve surtout des formules en lien avec les proportions des pyramides. Des règles de calcul qui auraient pu inspirer Thalès et Pythagore.

Benjamin observait chaque face de l'étrange dé.

— Tu as dû vivre un moment exceptionnellement fort au fond de ce lac, ajouta Fanny. Même si l'expédition n'a pas été une partie de plaisir, n'importe quel archéologue aurait donné dix ans de sa vie pour être à ta place.

— Je suis même convaincu que certains auraient tué pour y être. Notamment ceux à qui nous avons arraché le plan.

— Es-tu conscient de ta chance ?

— D'y être allé ou d'en être revenu ?

— Les deux.

— Peu à peu, je réalise.

Ben avait changé, Fanny le sentait. Il dégageait quelque chose de différent. Son attitude, son regard plus précis, même sa voix, calme et grave. Était-ce dû à la fatigue ? À la puissance de ce qu'il avait vécu ? Était-ce l'émotion de retrouver ces reliques ? La jeune femme profita de ce que Karen était occupée à observer la collection à l'autre bout de la table pour lui murmurer :

— Si j'avais pu, je me serais précipitée à votre chevet, mais ils ne m'ont pas laissée faire.

— Je sais. Aucun problème. Ne t'en fais pas. Alloa a remarquablement pris soin de moi. Je te remercie d'avoir fait de lui mon ange gardien.

— Quand ils m'ont dit que vous étiez blessés, que même un coup de fil n'était pas envisageable, j'ai vraiment été morte d'inquiétude.

— Tu étais plus utile ici.

— Pourquoi ne m'as-tu jamais dit que tu détestais que je t'appelle « Benji » ?

Horwood quitta le cube des yeux et fixa Fanny sereinement.

— Il y a beaucoup de choses que je ne t'ai jamais dites, mais c'est sans importance. La seule chose qui compte, c'est ce que nous partageons au présent. Quand j'étais au fond de ce tombeau sans savoir si j'en ressortirais un jour, j'ai eu l'occasion de mesurer ce qui compte vraiment pour moi. Tu te situes à la fois au-dessus et à part, définitivement. Ce n'est pas une découverte, mais cela ne m'était jamais apparu aussi nettement.

Il regardait Fanny avec une telle intensité qu'elle en fut troublée. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'entendre Benjamin exprimer des sentiments aussi forts, aussi intimes, surtout avec un tel naturel. Elle qui s'amusait souvent de son manque d'assurance face à des sujets affectifs fut déstabilisée par le contrôle de lui-même dont il faisait preuve. Pour la première fois, c'est elle qui ne sut pas quoi lui répondre.

L'impatience à lui faire part de ses découvertes offrit une diversion toute trouvée. Elle lui retira délicatement le cube des mains et le reposa à sa place.

— J'espère que tes neurones sont connectés, parce que j'ai pas mal de choses à t'annoncer, et que c'est du lourd…

Elle fit signe de la suivre vers un poste installé le long du mur de la salle. Sous un cube en plexiglas, Ben reconnut aussitôt la pyramide au cristal prêtée par Gábor Walczac.

— Commençons par le début. J'ai bien avancé concernant cette petite merveille. Les expériences que nous avons menées ont permis d'établir quelques certitudes. Comme tu l'avais suggéré, nous avons soumis le cristal à la lumière pour étudier son interaction. Cramponne-toi : si, sur trois axes, il diffracte le rayon comme n'importe quelle matière translucide hétérogène, sur le quatrième, en revanche, il le concentre avec une efficacité remarquable. Cet effet de loupe est extraordinaire. Il n'est pas dû à la forme du minéral, mais à sa structure même. Ce morceau n'a pas été modifié ou taillé exprès, mais choisi pour sa capacité particulière à densifier et focaliser un rayon de lumière. Voilà qui explique pourquoi il est ajusté si précisément dans sa monture. La moindre déviation de sa position dans son support aurait pu remettre en cause l'effet. Cet artéfact est donc bien un outil, et je suis prête à parier que ses frères jumeaux aussi.

— Les quatre pyramides sont donc liées…

— Ce n'est pas tout. Je n'ai pas chômé pendant que tu barbotais dans l'eau avec mon mec. Les examens ont aussi révélé que l'objet est radioactif. Ce n'est cependant inhérent ni à la nature du métal ni à celle de la pierre. D'après les ingénieurs, l'analyse de la surface indique que l'objet aurait acquis cette caractéristique en ayant été exposé à un bombardement massif de rayonnement. En se basant sur l'évolution du taux de radioactivité dans le temps par rapport aux modèles connus, ils sont parvenus à déduire que l'irradiation a sans doute été violente et qu'elle s'est déroulée sur une période très brève survenue voilà approximativement 4 000 ans.

— Même avec l'imprécision, cela nous renvoie encore au temps des Sumériens.

— Tout juste. Par ailleurs, nous en savons davantage sur les symboles gravés. L'étude de leur méthode de taille a démontré qu'ils ont été sculptés après l'exposition aux radiations.

— En as-tu appris plus sur leur signification ?

— Pas vraiment, mais il est désormais avéré que les hiéroglyphes datent de la première période égyptienne, la plus ancienne. J'ai aussi découvert que les petites volutes imbriquées sont la réplique exacte de motifs que l'on retrouve sur des pierres sacrées dans le tumulus mégalithique de Newgrange, en Irlande, construit 3 200 ans avant notre ère.

— Une origine géographique de plus…

— Ou une destination. Parce que si l'on rapproche ces données de celles déjà tirées de ce que tu as remonté, tu vas voir que les faits s'agencent drôlement bien et qu'une hypothèse se dessine.

Fanny se dirigea vers un autre poste de travail équipé d'un grand écran. Elle tapa un code sur le clavier et une série de photos du tombeau s'affichèrent. Karen s'approcha.

— Lorsque j'ai découvert les clichés de l'intérieur du sarcophage, reprit Fanny, je me suis tout de suite étonnée de la façon dont la momie était disposée.

— En l'ouvrant, j'ai moi aussi été surpris.

— N'étant pas une spécialiste, j'ai interrogé des collègues du Louvre, bien sûr sans rien leur dévoiler du site ou des véritables raisons de mes questions. Tous m'ont unanimement répondu que l'ensevelissement ne correspondait pas au rite égyptien de l'époque à laquelle fut bâti Abou Simbel. Cette façon d'inhumer est bien plus ancienne et se rapproche des traditions mésopotamiennes.

— Sumer, toujours.

— Reste le mystère qui entoure l'identité du corps qui semble être féminin. C'est une énigme. Ses bijoux, qui sont aussi très inhabituels, pourront peut-être nous aider à déterminer qui elle est. J'ai aussi aperçu le masque mortuaire sur les photos. Exceptionnel. Tu n'as pas été tenté de le remonter ?

— Pas la place, pas le temps, mais surtout pas envie.

— Pas envie ?

— J'aurais eu l'impression de commettre un vol…

Ben désigna la dépouille sur l'écran.

— J'espère que nous pourrons apprendre qui dormait là depuis si longtemps.

— Ta collecte nous apporte déjà quelques éléments de réponse…

Fanny invita Benjamin et Karen à revenir autour de la table. Le visage d'Horwood s'assombrit soudain.

— Il manque un objet. Un large bol de bronze doré aux bords relevés, une espèce d'assiette creuse très lourde et calcinée en son centre.

— J'ai toujours adoré ta perspicacité ! s'enthousiasma Fanny. Dès que ça t'intéresse, plus rien ne t'échappe. Effectivement, la pièce dont tu parles n'est plus là. Elle a été transférée vers un centre d'études spécialisé dans les analyses nucléaires. L'équipe qui a étudié les rayonnements radioactifs de la pyramide au cristal s'occupe d'elle en ce moment même. Parce qu'il faut te préciser que lorsque j'ai déverrouillé tes containers, les systèmes de sécurité antiradiation du labo se sont immédiatement déclenchés. Du coup, nous avons isolé et inspecté les antiquités une à une, et ce plat s'est révélé férocement radioactif. Son irradiation était du type de celle détectée sur la petite pyramide, mais en beaucoup plus intense. Les scientifiques du centre m'ont déjà prévenue que sur sa partie centrale brûlée et noircie, le récipient contenait des particules d'une matière inconnue liée à la source du rayonnement.

— Encore un indice qui suggère une expérience.

Fanny désigna deux tubes de pierre brisés.

— Ils étaient intacts quand je les ai sortis, fit remarquer Ben.

— Ils ne l'étaient plus quand j'ai ouvert tes caisses. Tout était sens dessus dessous, à croire que vous aviez joué au foot avec.

— L'eau s'en est chargée. Nous n'avons pas vraiment eu le temps de faire des paquets-cadeaux…

— Je me souviens aussi très bien de la façon dont tu faisais tes valises, mais passons. Toujours est-il que les papyrus contenus dans ces fourreaux sont en cours de traduction, répartis en plusieurs sections pour qu'aucun des spécialistes qui s'y attellent ne puisse en comprendre la globalité.

— Combien de temps va-t-il falloir attendre pour lire le résultat ?

— Je ne sais pas, mais rassure-toi, on a de quoi s'occuper, car certains objets ont déjà livré leur secret.

Fanny s'empara d'un cylindre à peine plus large que son doigt et long de quelques centimètres, taillé dans une pierre bleutée. C'était le plus petit des objets rapportés.

— Les photos m'ont permis d'entrevoir tout ce que tu as été obligé de laisser dans la précipitation, mais tu as été bien inspiré de prendre ceci.

— Nous avons quelques beaux spécimens du même genre au British Museum.

— Qu'est-ce que c'est ? voulut savoir Karen.

— Un sceau, expliqua Ben. Celui-ci est à première vue en lapis-lazuli, une pierre bleue utilisée depuis les temps les plus anciens. Il est gravé en creux et lorsque vous le faites rouler sur de l'argile humide, il dessine en relief une scène ou un message. Les rois sumériens utilisaient cet outil pour authentifier leurs écrits officiels à l'époque où ils étaient consignés sur des tablettes.

Karen admira l'objet.

— Une signature infalsifiable avant l'heure… C'est remarquablement astucieux.

Ben se tourna vers Fanny.

— As-tu réalisé une empreinte ? Sait-on à qui il appartenait ?

La jeune femme se déplaça jusqu'à un troisième poste, sur l'écran duquel elle afficha un autre type d'image. On y distinguait un petit bas-relief marqué dans de l'argile à l'aide du rouleau.

— Note la finesse inhabituelle des profils et des draperies du personnage central. La présence des sabres croisés rappelle les armes de la cité d'Ur. Il pourrait s'agir d'un de ses rois, Ur-Nammu, et de son fils, Shulgi.

— Qu'est-ce qu'un sceau sumérien faisait dans un tombeau égyptien construit à des milliers de kilomètres de là ?

— La réponse se cache peut-être dans cet autre objet que tu as rapporté.

Fanny retourna à la table et prit cette fois la petite boîte de pierre grise polie.

— L'as-tu ouverte avant de décider de l'emporter ?

— Pas eu le temps.

La chercheuse souleva le couvercle avec précaution. À l'intérieur, une plaquette recouverte d'une mosaïque sombre et mate représentait un homme en toge devant une vasque dont s'échappaient des traits semblables à des rayons.

— La technique de fabrication ne te rappelle rien ? questionna Fanny.

— Si : l'étendard d'Ur, la pièce sumérienne conservée au Museum. On dirait que cette plaquette a été fabriquée par les mêmes artisans.

— De quoi parlez-vous ? intervint Karen.

Ben répondit :

— Le musée possède une antiquité issue de la période sumérienne parmi les plus exceptionnelles qui soient : l'étendard d'Ur, découvert dans la nécropole royale de la cité. C'est un étroit coffret de bois d'une trentaine de centimètres de haut sur une cinquantaine de long, décoré d'incrustations sur une base de bitume, comme cette plaquette. Sur l'une des deux grandes faces, on peut voir une armée autour du roi et, sur l'autre, ce qui s'apparente à des scènes quotidiennes. Le style de mosaïque est très comparable à celui-ci. Sa réalisation était d'une qualité très avancée pour l'époque. L'étendard d'Ur est considéré comme un des objets les plus emblématiques de l'histoire de l'humanité, d'autant plus précieux que datant d'une période ou de tels chefs-d'œuvre n'étaient pas encore réalisables couramment. Étrangement, personne n'a pu en deviner l'utilité. Ornement ? Enseignement ? Hommage glorieux ? Nous n'avons pas la réponse. Cette plaquette-ci prouve que cette technique de décoration n'était pas aussi isolée qu'on a pu le penser.

Délicatement, Ben souleva la petite tablette et découvrit qu'une autre se cachait dessous.

— La boîte en contient trois, précisa Fanny. Deux scènes de cour et une autre qui ressemble à un plan de ville, mais qui est fêlée.

— On dirait des cartes postales, nota Karen.

— Cette petite boîte remet en cause à elle seule beaucoup de théories, commenta Benjamin.

Fanny rangea les miniatures de mosaïque et reposa la boîte sur sa case.

— Je suis entièrement d'accord. Moi, ça fait dix jours que j'ai la cervelle en fusion à cause de ces objets. J'ai la sensation que tout ce que j'ai vu ou lu avant, que tout ce que l'on a appris, n'est rien à côté de ce que l'on est en train de mettre au jour.

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