Dans les locaux de l'agence, Benjamin se tenait sur le seuil de son appartement, décontracté comme il aurait pu l'être sur le palier de son propre immeuble. Il attendait une visite tardive. Même si les services de renseignement fonctionnaient jour et nuit, les couloirs étaient nettement moins fréquentés en fin de soirée. Pour patienter, il observait ses doigts de pieds nus qui gigotaient avec une belle vigueur. Il se réjouissait de les voir à nouveau capables d'accomplir toutes ces figures et prouesses qui ne servent strictement à rien.
Habiter au milieu des bureaux provoquait un vrai décalage. Ici, pas de salut cordial lancé aux voisins, pas de musique entendue d'un étage à l'autre, pas d'adorable petite mamie pour vous trouver beau et à qui demander de ses nouvelles, pas de fumets de cuisine, plus de locataire revenant des boîtes aux lettres en robe de chambre, aucun ballon multicolore accroché aux portes annonçant des anniversaires d'enfants joyeusement tapageurs. Voilà des semaines que Ben n'avait vu personne rentrer de courses en portant son cabas débordant de victuailles. Un coup à pleurer d'émotion la prochaine fois qu'il verrait un panier chargé de laitages, d'essuie-tout et de tomates… Ce quotidien banal, auquel on ne prête pas attention avant d'en être coupé, lui manquait. Il se surprit même à sourire en se souvenant des rires aigus entrecoupés de propos hypocritement offusqués de la jeune femme d'à côté lorsque son compagnon se montrait entreprenant.
Benjamin commençait à comprendre Jack lorsqu'il évoquait une autre vision du monde que celle des gens qui vivent à l'abri de certains problèmes. Devant sa porte, il ne voyait passer ni couples, ni enfants, ni vieillards. Seulement des femmes et des hommes plutôt jeunes, habillés dans un style neutre, terne et strict, mais tous armés jusqu'aux dents et capables de tuer. De quoi influer sur votre perception de la civilisation.
Le tintement de l'ascenseur annonça l'arrivée de la cabine à l'étage. Fanny en descendit. Elle ne remarqua pas immédiatement Benjamin qui l'attendait dans le couloir. Ces quelques instants laissèrent à Horwood le temps de mesurer à quel point elle semblait épuisée, juste avant qu'elle ne revête à nouveau son masque d'éternel dynamisme. Fanny s'était toujours comportée ainsi. À la fois par politesse envers les autres et pour s'offrir du même coup une armure, elle s'était toujours retranchée derrière une image de bonheur et de légèreté. Dans une logique comparable, Horwood avait choisi l'humour. Chacun se protège comme il peut.
Une seule fois, Ben avait été le témoin du désarroi de son amie. Un soir, Fanny n'avait pas eu la force de maquiller ses tourments. Quelques semaines après avoir fêté leur diplôme, la jeune femme avait été contrainte de se prononcer sur la pertinence du maintien des soins prodigués à son père alors en phase terminale. Aucun de ses amis n'avait su qu'il était malade et jamais elle n'avait évoqué ce que cette situation l'avait obligée à gérer tout en poursuivant ses études. À l'époque, elle avait choisi l'option la plus courageuse — mais la plus difficile — afin d'épargner d'inutiles souffrances à son seul parent encore en vie, sacrifiant au passage un peu de sa propre innocence. Pour le bien de son père, elle avait décidé de le condamner et de l'accompagner jusqu'à son dernier souffle. La nuit d'après, du crépuscule à l'aube, elle avait pleuré, raconté ses souvenirs, crié sa rage et sa douleur. Ce soir-là, il n'y avait eu que Ben pour la prendre dans ses bras et la réconforter. Dès le lendemain, rien sur le visage ou dans l'attitude de Fanny n'avait plus trahi ce qu'elle endurait. De cette nuit, Ben gardait un souvenir ambigu, mélange instable d'une sincère compassion pour celle à qui il tenait tant, et d'une monumentale fierté renforcée de joie égoïste due au fait qu'elle était venue se réfugier auprès de lui et de personne d'autre.
Fanny releva les yeux. En apercevant Ben planté devant sa porte, elle déploya en urgence son plus beau sourire.
— Ils t'ont prévenu que je montais ?
— Inutile, je vois à travers les murs.
— Si tu regardes à travers ma robe, je te tape.
Elle lui fit la bise et ajouta :
— Merci de m'avoir attendue si tard.
Il aurait pu lui répondre qu'il ne faisait que ça depuis plus de dix ans, mais était-ce encore vrai ? Il l'invita à entrer pendant qu'elle lui glissait :
— Tu dois être pressé d'aller dormir.
— Comme toi, j'imagine.
En pénétrant dans l'appartement, Fanny fut aussitôt assaillie d'un doute. Elle qui avait toujours connu ce lieu très éclairé et dévolu au travail le découvrait baigné d'une lumière douce digne d'un café parisien pour amoureux noctambules. Elle espéra de tout son cœur que Ben ne s'était pas mépris sur les raisons de sa visite nocturne.
— Je te sers un verre ? Profites-en, les forces spéciales ont regarni le bar aux frais du gouvernement.
— Non, merci, rien pour le moment.
— Ne reste pas debout, mets-toi à l'aise.
Elle retira son trench et prit place dans le canapé pendant que Benjamin se servait un jus de tomate.
— J'aime bien le jus de tomate, commenta-t-il. C'est amusant, chaque fois que j'en bois, je suis hyper-content mais quand je dois commander, je ne pense jamais à en demander.
Même lui trouva sa remarque d'une affligeante vacuité. Il mit cela sur le compte de la fatigue. Il s'installa dans un fauteuil et leva son verre à la santé de Fanny, en ajoutant :
— Heureux de te retrouver autrement qu'en réunion de crise.
— Quelles que soient les circonstances, c'est toujours agréable de se voir.
— J'ai lu tes derniers rapports. Ton sens de l'analyse est encore plus redoutable qu'à l'époque de notre mémoire. Tu as accompli un boulot impressionnant. La traduction du premier papyrus répond à bien des questions. À quelques détails près, je partage tes conclusions. Les pièces du puzzle prennent leur place.
— Tant mieux.
Benjamin sentait que la jeune femme ne se comportait pas comme d'habitude. Moins de spontanéité, moins de proximité aussi. Son attitude ne pouvait que révéler une volonté de maintenir une distance. Elle désigna le salon d'un geste aérien.
— Pourquoi nous avoir concocté une ambiance romantique ?
Fanny n'était pas du genre à éluder les sujets sensibles. C'était d'ailleurs un des traits que Ben appréciait particulièrement chez elle.
— Si telle avait été mon intention, j'aurais assuré le coup en demandant un discret coup de main à l'un de ces bons vieux crooners que tu affectionnes tant. Tu n'as jamais su y résister.
La remarque rassura Fanny.
— Tu n'as pas oublié mes goûts.
— Je n'ai pas oublié grand-chose.
Fanny ne voulait pas s'aventurer sur ce terrain-là. Pas ce soir. Pas avec ce qu'elle devait lui annoncer.
— Très classe, tes vieilles chaussettes sur la lampe pour tamiser la lumière.
— Je fais avec les moyens du bord… Mais si l'esthète que tu es daigne lever les yeux au plafond, tu verras que ça dessine un dragon à la gueule grande ouverte.
— Fabuleux ! commenta-t-elle sans y croire une seconde.
— Quand j'étais gamin, cette ombre aurait suffi à m'épouvanter pour la nuit.
— Nous n'avons plus besoin de ça pour faire des cauchemars.
— Très juste, on a trouvé mieux. La réalité est bien plus terrifiante que les contes pour enfants.
— Tu ne me demandes pas pourquoi j'ai tenu à te voir ce soir ?
— J'imagine que c'est pour préparer la réunion de demain… Il y aura des gens importants, des officiels. On va se retrouver comme lorsque nous avons soutenu notre thèse devant le jury. Tu veux que nous confrontions nos théories historiques avant de les présenter ?
— Pas uniquement. Je voulais surtout aborder deux points importants avec toi. Rien que nous deux.
Benjamin trouva que « aborder deux points importants » avait un aspect très solennel que le « rien que nous deux » faisait voler en éclats.
— Dois-je m'inquiéter ?
— Non, bien au contraire. Je souhaite te parler de deux femmes, et avant que leurs histoires ne s'ébruitent, je ne veux les partager avec personne d'autre que toi.
— Tu m'intrigues…
Elle prit un instant avant de s'élancer :
— Benjamin, j'ai visionné les images enregistrées par ta caméra lors de ton exploration du tombeau. Pas à pas, je t'ai suivi. Le passage ouvert dans la roche, l'escalier aux parois gravées, ton entrée dans la poche d'air, et bien sûr, la découverte de la salle. J'ai perçu ton souffle.
Saisi dans son intimité, Horwood baissa les yeux.
— J'ai entendu tes mots, poursuivit Fanny. Je pense avoir deviné les sentiments à travers lesquels ton périple t'a mené. J'en ai été bouleversée. J'ai vraiment eu l'impression d'être à tes côtés. La sensation de te retrouver tel que je te connais, mais en dix fois plus concentré.
— Tu es donc venue pour me faire rougir.
— Quand je mesure l'impact de ces images sur moi, j'ose à peine imaginer ce que les vivre a pu provoquer en toi. J'en ai la chair de poule rien que d'y penser. Aucun des explorateurs qui ont découvert ce genre d'endroits n'en a rapporté des images d'une telle intensité. Tu as réalisé un enregistrement brut d'un intérêt scientifique et humain exceptionnel. Mais ce n'est pas ce qui te distingue le plus des autres. Je vais te livrer ma conviction : celle qui se trouvait dans le sarcophage a eu beaucoup de chance que ce soit toi qui la découvres. Il faut tout ce que tu es pour vivre un moment pareil sans oublier d'être humain. J'ai été émue que tu lui parles, touchée des mots qui te sont venus pour elle…
Fanny hésita à poursuivre.
— Je sais que tu t'adresses souvent aux gens qui dorment…
Benjamin blêmit.
— … J'ai même parfois eu l'impression d'entendre ta voix lorsque j'étais seule dans mon appartement à Paris. Mais nous parlerons de ce sentiment bizarre une autre fois. Pour le moment, tu brûles d'en apprendre plus sur l'inconnue du sarcophage. N'est-ce pas ? Quand tu es revenu d'Égypte, j'ai tout de suite senti à quel point tu tenais à savoir qui se cachait sous le masque mortuaire. Je suis maintenant en mesure de te répondre.
— C'est donc bien une femme ? demanda Ben, la gorge serrée.
Fanny hocha la tête.
— Ton intuition était juste. J'ai récupéré les différents segments traduits du second rouleau de papyrus. Le document lui est entièrement consacré. On y révèle son histoire, un peu de sa vie, et plus important que tout : son secret.
« Elle s'appelait Ânkhti. Elle n'était pas d'ascendance égyptienne, ni même issue de la noblesse. C'est un étrange destin qui l'a conduite loin de la terre de ses ancêtres, tout en lui conférant son rang et un statut quasi divin. Ni sa fonction ni son titre n'étaient officiels. Plusieurs indices incitent à croire que sa véritable identité a été gardée confidentielle toute sa vie. Ânkhti était une messagère, une gardienne, un trait d'union. Elle était la descendante d'un savant sumérien que Shulgi dépêcha auprès des premiers pharaons égyptiens des siècles auparavant. Car à l'évidence, les civilisations n'étaient pas aussi imperméables les unes aux autres que certains raccourcis historiques le disent aujourd'hui. L'érudit sumérien était porteur d'un savoir secret qu'il devait transmettre aux puissants de la civilisation égyptienne afin d'éviter une nouvelle catastrophe pareille à celle que son pays avait connue — ou même provoquée suivant l'interprétation que l'on donne du texte. Au fil des dynasties pharaoniques, les descendants de cet homme ont perpétué sa charge, jusqu'à Ânkhti qui fut la dernière initiée. Elle est l'ultime maillon d'une chaîne qui, de génération en génération, enseigna certaines règles occultes de l'univers aux maîtres de l'Égypte. Le texte stipule que cette transmission a été inaugurée par le savant exilé lui-même auprès de son fils, qui l'a à son tour confiée à sa propre fille, et ainsi de suite jusqu'à ce que la jeune Ânkhti, presque mille ans plus tard, apprenne de son père l'histoire du « Premier Miracle » et des effets dévastateurs qui en découlèrent. Malheureusement, il semble qu'elle n'ait pas réussi à passer le flambeau. Elle s'est éteinte seule, protégée au point d'être recluse, sans avoir enfanté ou trouvé celui à qui elle pourrait transmettre sa charge, mettant fin à cette lignée de l'ombre. D'après le papyrus, le grand Ramsès lui-même aurait dit d'elle qu'elle s'était abîmée dans la nuit parce qu'elle ne connaissait que trop le pouvoir secret du soleil.
Ben ne put s'empêcher d'associer la révélation de l'histoire d'Ânkhti au texte de Trismégiste évoquant les détenteurs du grand savoir.
— Te souviens-tu de la boîte grise contenant les trois petites mosaïques ? reprit Fanny.
— Bien sûr.
— Il s'agit du seul trésor personnel que les membres de cette famille se sont transmis les uns aux autres. Trois souvenirs, trois images reproduites avec tout le savoir-faire possible de ce temps. La première représente une scène d'adieux, lorsque le roi qui décida de voir plus loin que son propre pouvoir se sépara de son chercheur pour mieux protéger l'avenir. La seconde montre le savant avec ses assistants et son fils. La troisième dépeint le lieu où se produisit l'événement destructeur « dont seul l'or parvint à sauver quelques âmes ». À la mort d'Ânkhti, selon les accords sacrés conclus entre les dynasties sumériennes et égyptiennes, le dernier détenteur de ces savoirs occultes n'ayant pu les transmettre dut être inhumé avec toutes les reliques s'y rattachant dans un lieu que les dieux garderaient à l'abri des hommes.
— C'est pour cela que le temple a été bâti. Creusé au plus profond, loin de tout.
— Pour lui servir de résidence éternelle, entourée de tout ce qu'elle possédait concernant le Premier Miracle. Mais le récit semble distinguer un objet encore plus important que les autres au sein de la collection.
— La grande coupelle dorée qui s'est révélée radioactive…
— Tout juste. Elle y est qualifiée de « centrale » sans que le contexte permette de préciser davantage le sens du mot. Le récit insiste sur le fait que dans son éternité, Ânkhti a été inhumée au plus proche de cet objet pour éviter qu'il ne tombe entre des mains indignes, ce qui aurait à nouveau déchaîné la colère des dieux.
— Les artéfacts à ses pieds n'étaient donc pas des offrandes, ils ont été confiés à sa garde ?
— Te rends-tu compte de ce que cela implique, Ben ? Il existe bien un savoir secret qui trouve sa source au jour de ce Premier Miracle. Tout a commencé à Sumer. L'histoire d'Ânkhti constitue la preuve que les rois de l'époque ont surmonté leurs divisions et oublié leurs différences pour tenter de gérer ce qui les terrifiait et les dépassait.
L'esprit de Ben s'enflamma en entrevoyant ce que ces informations permettaient de déduire et de recouper. Mais un sentiment plus profond le submergea soudain. Il ferma les yeux et songea à celle qu'il avait été le dernier à toucher.
— Sais-tu quel âge avait Ânkhti ?
— Elle n'a sans doute pas dépassé les vingt-cinq ans.
— Cette pauvre femme est morte écrasée par le poids d'un héritage que des siècles de tradition la condamnaient à porter seule. Elle n'a trouvé personne pour la comprendre, sans doute terrassée de honte à l'idée d'avoir échoué dans son devoir de transmission…
Benjamin souffla de dépit et de colère. Il lâcha, la voix rauque :
— Et j'ai surgi dans son éternité, détruisant tout…
— Non, Benjamin. Tu l'as libérée. Tu l'as relevée de sa charge en la reprenant à notre compte. Nous avons aujourd'hui les moyens de porter ce savoir et de le protéger.
— En es-tu certaine ? D'autres que nous cherchent à s'en emparer, et même si nous ignorons qui ils sont, nous en savons assez sur eux pour être sûrs que leurs intentions ne sont pas aussi positives que celles des rois de Sumer. À l'époque, ceux que l'on se permet aujourd'hui de juger comme « primitifs » ont eu la sagesse de tirer les leçons de leur témérité et de sécuriser ce qui pouvait conduire à en reproduire les effets. Aujourd'hui, alors que nous sommes convaincus d'être doués, comme des enfants irresponsables, nous oublions les enseignements de ces précurseurs au risque de déclencher une autre catastrophe. On appelle cela jouer avec le feu, ou tenter le diable. Jamais ces expressions n'ont eu autant de sens.
— Tu crois à la colère des dieux ?
— Cette colère n'est peut-être qu'une vue de l'esprit. Mais d'où que provienne cette puissance, elle peut nous détruire. L'enjeu est là. Expérience scientifique ou fait divin, ce Premier Miracle nous menace. En ce temps-là, les faits incompris, maléfiques ou bénéfiques, étaient perçus comme ne pouvant être que l'œuvre de divinités. Aujourd'hui, c'est bien différent : beaucoup sont convaincus d'être plus malins que n'importe quel dieu.
— Benjamin, nous pourrions parfaitement décider de ne rien révéler de ce que nous avons découvert. Le secret d'Ânkhti serait préservé.
— Il est trop tard, Fanny. Le tombeau a été ouvert. Les pyramides aux cristaux sont presque réunies. Dès lors qu'un savoir existe, le fait qu'il soit connu et exploité n'est plus qu'une question de temps.
— Il n'est pas trop tard. Nous avons encore les cartes en main.
— Rien n'est moins sûr. Karen a raison. Nous jouons une partie d'échecs. Ce n'est pas un roi ou une reine qui vient de faire son entrée sur le plateau de jeu, c'est un mouvement inédit, une modification des règles qui n'implique plus seulement l'affrontement d'une pièce face à l'autre. Si ce coup-là est joué, si quelqu'un applique cette règle occulte, c'est tout l'échiquier qui partira en poussière, et il n'y aura aucun vainqueur. J'ai du mal à croire que sur autant de générations, les descendants du savant exilé aient pu faire preuve d'une parfaite loyauté. Logiquement, il aurait dû s'en trouver au moins un pour tirer parti de son savoir dans un intérêt personnel.
— Alors pourquoi cela ne s'est-il pas produit ?
— Parce que, en entendant le récit de ce qui s'est passé, en l'apprenant de la bouche de son père ou de sa mère, je devine que chacun a été tellement épouvanté, tellement impressionné, qu'il en a oublié son propre intérêt. Fanny, l'histoire de l'humanité nous l'a enseigné à maintes reprises : lorsqu'un individu découvre que sa propre vie ne vaut plus rien, il accepte de se sacrifier pour son espèce. C'est en nous. C'est ce qui fait de nous des humains. C'est ce qui nous a permis de survivre au pire depuis la nuit des temps.
Il fit une pause.
— Merci de m'avoir confié l'histoire d'Ânkhti. Je me sens déjà mieux depuis que je sais qui elle est.
— Tu sembles chamboulé.
— Je le suis. Mais si ma mémoire est bonne, en commençant, tu avais parlé de deux femmes. Quelle autre histoire voulais-tu me raconter ?
— Finalement, je veux bien que tu m'offres un verre. Pas du jus de tomate. Sers-moi quelque chose de costaud et prends-toi la même chose, tu vas en avoir besoin.