Lorsque Scott ralluma son portable, l’hélico n’était plus qu’un point sombre qui s’éloignait en bourdonnant dans la nuit. Frissonnant dans le vent en traversant le parking de l’hôpital, Jenni remonta son col. Elle songeait à Greenholm et à l’épouvantable compte à rebours qu’il allait affronter.
— Tu sembles épuisée, fit Kinross. Viens, je te raccompagne.
Tout en marchant, il interrogea son répondeur.
« Vous avez deux messages. Message 1 : aujourd’hui, 20 h 50. »
« Docteur Scott, ici Robert Falsing. Je dois absolument vous parler ce soir. Ce n’est pas pour vous faire signer avec Nutemus. C’est beaucoup plus grave que ça. Vous et votre collègue êtes en danger. Rappelez-moi. »
Scott s’arrêta.
« Message 2 : aujourd’hui, 21 h 17… » Le docteur n’entendit rien d’autre qu’un souffle et le bruit d’un téléphone que l’on raccroche. Il pivota vers Jenni. Le voyant perturbé, celle-ci demanda :
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Vérifie ton portable. Le représentant de Nutemus t’a certainement laissé un message. Il veut nous voir, il dit qu’on est en danger…
— Il est vraiment prêt à raconter n’importe quoi pour nous faire signer.
— Je ne sais pas, Jenni. Sa voix est celle d’un homme qui a peur. J’essaie de le rappeler.
Le portable de Falsing ne sonna qu’une seule fois avant qu’il décroche.
— Ici le docteur Kinross, je viens de trouver…
— Dieu soit loué ! Voilà des heures que j’attends votre appel. Ils sont après moi. Ils sont sûrement en train d’essayer de me localiser.
— Qui…
— Rejoignez-moi au Last Drop, c’est un pub sur Grassmarket. J’y serai dans quelques minutes. Ne perdez pas de temps, c’est de notre peau à tous qu’il est question. Ne cherchez plus à me joindre sur ce numéro, il est grillé. On se voit au Last Drop, c’est compris ? À tout de suite.
Falsing raccrocha aussitôt.
Jenni trouva effectivement le même genre de message sur son propre répondeur.
— Tu as raison, fit-elle, il n’a pas l’air de plaisanter. Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
— On le retrouve au Last Drop, un pub. Tu connais ?
Jenni mit quelques secondes à répondre. Lentement, elle dit :
— C’est au pied du château. C’est l’un des pubs qui restent ouverts le plus tard en ville. Aden y allait souvent.