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Elle n’osait pas lui toucher la main. Edna n’avait presque rien connu d’autre que la vie à Glenbield. Elle était encore toute jeune lorsque Mary l’avait engagée. Edna était alors repasseuse à Whiting Bay, à l’est d’Arran. Elle avait mis des années à ne plus avoir peur de M. Greenholm. Même si elle ne se serait jamais permise de s’en prévaloir, elle faisait partie de la famille. En quelques jours, elle aussi avait vécu une série de drames. Elle avait perdu Madame et se retrouvait au chevet de Monsieur, inconscient. Le sort s’était abattu sur le manoir. Le vieil homme n’avait toujours pas repris connaissance. Sans relâche, à voix basse, Edna lui parlait : « Il faut vous réveiller, il faut tenir. »

— Vous devriez vous reposer, fit Kinross qui l’observait depuis un moment.

Elle sursauta.

— Je ne veux pas qu’il soit seul, expliqua-t-elle.

— Vous devriez quand même vous reposer un peu. Essayez au moins de dormir dans le fauteuil. Nous sommes là pour veiller sur lui.

Dans sa blouse blanche, Scott impressionnait Edna. Hold toqua à la porte et fit son entrée dans la chambre. Il avait les traits tirés et portait encore des traces de suie sur la mâchoire.

— Comment va-t-il ?

— État stationnaire, mais les analyses sont bonnes.

Toutes les analyses ?

Kinross l’entraîna dans le couloir :

— Nous n’avons pas pu déterminer s’il avait été drogué ou non. Il y a bien des traces suspectes, mais pas en quantité suffisante pour conclure avec certitude.

— Cela n’a plus d’importance. De toute façon, la réponse ne va pas tarder à venir.

— Que voulez-vous dire ?

— J’ai vérifié le contenu du coffre de M. Greenholm. Tous les documents et contrats liés à votre découverte ont disparu. Il manque aussi l’argent liquide qu’il y gardait.

— Vous voulez dire que quelqu’un a forcé le coffre ?

— Il n’y a aucune trace d’effraction. Il a peut-être utilisé l’argent pour payer les frais d’enterrement et déplacé les documents. C’est une éventualité.

Les deux hommes se tournèrent vers la baie vitrée qui donnait sur la chambre de Greenholm. Hold demanda :

— Aucun pronostic sur sa reprise de conscience ?

— Non, mais pour beaucoup de raisons, je suis impatient de lui parler.

En désignant discrètement le garde du corps posté à la porte, Scott se pencha et ajouta en aparté :

— Vous savez à qui il me fait penser, le gars que vous avez trouvé ?

— Non.

— À vous, en plus jeune.

Hold eut un vrai sourire :

— C’est un excellent commando, fit-il, mais je crois qu’il aurait plus d’hésitation que moi s’il devait tuer quelqu’un. Il faut une bonne raison pour bien faire les choses…

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