Pour la première fois, Scott venait chez Jenni en son absence. Ce n’est pas le genre de chose que l’on fait chez une simple collègue et Kinross en était fier. Il fit tourner la clé et entra :
— Nelson ! Tu es là ? C’est l’heure de la gamelle.
Il alluma la lumière et se figea. Dans l’entrée, les tiroirs de la commode étaient renversés sur le sol. Même la penderie et le petit meuble à chaussures avaient été vidés. Aucun bruit. Prudemment, Scott fit un pas pour jeter un œil dans le salon. Le désordre y était pire. Tout avait été retourné.
— Merde… fit-il à voix basse.
Un léger grincement lui parvint d’une pièce voisine. Sa première pensée fut d’attraper son portable pour appeler Hold. Il se plaqua contre la penderie. La porte de la chambre s’ouvrit lentement, trop pour que ce soit à cause d’un courant d’air. Scott retint son souffle. La sortie n’était qu’à quelques pas. Avec de la chance, il pouvait l’atteindre avant de se faire coincer. Tout à coup, le chat apparut sur le seuil de la chambre en se frottant à la porte. Scott souffla :
— Tu m’as foutu une sacrée trouille, mon pote.
Le chat miaula et se précipita vers Kinross.
— On est plus affectueux quand on a des problèmes, pas vrai ?
Il prit l’animal dans ses bras et fit le tour de l’appartement. Chaque placard, chaque étagère avaient été fouillés. Le matelas était retourné, certains cadres aussi. L’ordinateur de bureau et le téléphone avaient disparu. En revanche, la télé et les quelques objets de valeur étaient à leur place. Scott composa le numéro de Hold sur son portable :
— David, vous êtes toujours en ville ?
— Et je vais même y rester quelques jours. Pourquoi ?
— Vous pourriez me rejoindre chez Jenni ? Elle a été cambriolée…
Hold arriva rapidement. Il commença par étudier la porte d’entrée et les meubles.
— La serrure n’a pas été forcée et la fouille a été systématique. Ils n’ont oublié aucune cachette potentielle. Du travail de pros.
Scott était assis sur le bord du canapé et caressait le chat qui ne le quittait plus.
— On appelle la police ? proposa-t-il.
— Il faudra le faire pour les assurances mais ce n’est pas notre problème le plus urgent. Avez-vous parlé à Jenni depuis son départ ?
— Non, mais ce n’était pas prévu. Avec le décalage horaire, je comptais essayer de la joindre tôt demain matin. Vous êtes inquiet ?
— Les copies de vos travaux ont disparu de Glenbield et quelqu’un les a visiblement cherchées ici. Je sais que Jenni en a emporté un jeu complet sur des mémoires informatiques.
— Il reste aussi mes documents.
Hold se tourna vers Kinross.
— Il va falloir être très prudent, Scott, fit-il gravement. Je ne sais pas qui en veut à votre travail, mais c’est sérieux. La mort suspecte de Falsing, ce qui s’est passé à Glenbield et maintenant ici… Je ne crois pas au hasard.
— Moi non plus. Falsing nous avait dit que nous étions en danger…
— On ne va prendre aucun risque. Je ne vous lâche plus.
Scott serra le chat contre lui et lui murmura :
— Avec Greenholm, tu es le deuxième à avoir vu quelque chose et à ne pas pouvoir parler…