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Tracy écarta le rideau. Jenni laissa échapper une exclamation de surprise en découvrant le salon entièrement redécoré. Des centaines de bougies illuminaient la salle, les meubles avaient été retirés et seule une table dressée pour deux trônait face à l’immense baie vitrée. La lueur dorée des chandelles et les murs rehaussés de tentures suspendues comme des rideaux de théâtre conféraient à la pièce une atmosphère chaleureuse, hors du temps. À l’extérieur, de puissants projecteurs éclairaient la forêt et la neige qui tombait toujours sans faiblir. Au-delà régnaient le blanc, le froid et la nuit.

Clifford Brestlow apparut comme par magie. Tracy abandonna Jenni.

— Je vous souhaite une excellente soirée, lui glissa-t-elle avant de s’éloigner avec son chandelier.

Jenni saisit la main que Clifford lui tendait.

— C’est somptueux, dit-elle en s’avançant.

— La tempête ne durera pas toujours et je sais bien que vous repartirez vers l’Écosse. C’est peut-être notre dernier dîner, ma dernière chance de vous donner vraiment envie de revenir.

Jenni sentit son cœur accélérer. Sur une impulsion, elle porta la main au visage de Brestlow, lui caressa la joue et se pencha pour l’embrasser. Brestlow lui rendit son baiser, cependant il paraissait troublé. Peut-être n’aurait-elle pas dû se permettre ? Elle préféra ne pas laisser durer l’instant.

— Lorsque Tracy est venue me chercher avec son chandelier, lui confia-t-elle, j’ai cru que la tempête avait fait sauter le courant. Très honnêtement, je me demandais de quel tour vous alliez encore m’éblouir. C’est féerique.

— Heureux que cela vous plaise.

— J’ai honte d’être habillée comme une touriste. Il aurait fallu une robe du soir pour un décor pareil.

— Ne vous inquiétez pas. Vous êtes parfaite.

Ils prirent place autour de la table. Jenni demanda :

— Est-ce qu’il vous arrive de dîner sur le pouce, genre un morceau de fromage sur une tranche de pain ?

— C’est presque ce que nous allons faire ce soir, car les intempéries ont un peu compliqué l’approvisionnement.

Un homme apparut, au grand étonnement de Jenni. Il la salua d’un signe de tête et déposa un plateau entre eux deux. Jenni l’observa pendant qu’il leur servait un porto. Il était assez distingué et évitait son regard. Dès qu’il se fut éloigné, elle se pencha vers Clifford :

— Je croyais que vous n’étiez entouré que par de très belles jeunes femmes…

— C’est malheureusement impossible. Certaines missions exigent des hommes.

Il leva son verre :

— À vous, Jenni, à cette soirée qui compte énormément pour moi.

Jenni se joignit au toast :

— Merci, Clifford. Je suis tellement heureuse de vous avoir rencontré.

— Et moi donc. Vous avez changé ma vie, Jenni. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point.

Elle baissa les yeux.

— S’il vous plaît, ne vous détournez pas. J’aimerais tellement que vous restiez à mes côtés.

— Nous évoluons dans des mondes bien différents. Vous êtes séduisant, vous vivez dans un univers de pouvoir et d’invention. Vous utilisez sans vous en rendre compte des choses dont la plupart des humains n’osent même pas rêver.

— Cela veut dire que vous ne voulez pas de moi.

Jenni sourit :

— Ce n’est pas si simple. Vous m’attirez, Clifford, vous me fascinez. Vos moyens m’impressionnent, ce que vous faites pour notre projet aussi, mais ce qui me perturbe le plus, c’est que je n’imaginais pas qu’il puisse exister un homme tel que vous.

— C’est un compliment ?

La jeune femme éclata de rire :

— Oui, je crois !

— Alors, joignez-vous à moi, Jenni. Nous travaillerons ensemble. J’ai une confiance absolue en vous.

— Vous m’avez déjà confié quelques-uns de vos secrets.

— Il en reste bien d’autres et je suis résolu à tous vous les offrir. Ensemble, nous aiderons le monde à aller mieux. C’est possible, nous en avons les moyens. Rappelez-vous : il n’est de prodige que dans l’œil de celui qui ne sait pas. J’en suis la preuve vivante. À vous, je peux dire la vérité.

— Vous m’avez menti ?

— Une fois, Jenni. Et si vous consentez à vivre avec moi, ce sera la seule.

La jeune femme tendit la main et entrelaça ses doigts avec les siens.

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