7 Le temps des succès



La vaste politique du Terrible transforma l’État moscovite en un véritable camp militaire de gigantesques dimensions.

Gueorgui VERNADSKI.


Se plaignant de son malheureux sort et des traîtres qui s’acharnent à lui mettre des bâtons dans les roues, Ivan rappelle, dans sa lettre à Kourbski, « comment tout a commencé » : « Il y avait en ce temps-là, à notre cour, ce chien d’Alexis… qui, aux jours de notre jeunesse, était déjà parvenu, on ne sait comment, à sortir de sa condition de batojnik (serviteur de rang inférieur) ; quant à nous, voyant la trahison des seigneurs, nous le tirâmes de la fange et en fîmes leur égal, escomptant qu’il nous servirait fidèlement… Puis, pour me conseiller dans les affaires spirituelles et le salut de mon âme, je choisis le pope Sylvestre, espérant que lui, un homme de Dieu, saurait préserver son âme ; le perfide d’abord sembla faire le bien… [mais] il céda finalement à l’appât du pouvoir… et commença, semblablement aux laïcs, à s’entourer d’amis1… » La première missive au prince Kourbski date de 1564 : le temps des réformes, alors, a pris fin, celui de l’opritchnina est venu. En regardant en arrière, le tsar raye d’un trait tout ce qui a été accompli, et évoque, la rage au cœur, « ce chien d’Alexis », Sylvestre, « ce malappris de pope » et, naturellement, « ce traître » de Kourbski.

D’une main ferme et résolue, Ivan Vassilievitch réécrit le passé. Le temps des réformes, seconde période de son règne (si l’on considère que son enfance, durant laquelle le pouvoir était détenu par les boïars, fut la première), est qualifié par les historiens d’époque de la « Rada élue ». Les principaux conseillers du jeune tsar, initiateurs et promoteurs des changements réalisés dans la vie ecclésiastique, administrative et politique du pays, sont des hommes de confiance qu’Ivan a pris pour intimes. Les premiers à être introduits dans le petit cercle des plus proches conseillers du tsar sont Alexis Adachev, détenteur d’une petite votchina à Kostroma et remarquable administrateur, et Sylvestre, prêtre à la cathédrale de l’Annonciation au Kremlin, auteur (ou rédacteur) du célèbre Ménagier (Domostroï), recueil de préceptes à l’usage du mari et de la femme. Ce dernier est chargé par Ivan de restaurer les fresques des cathédrales du Kremlin, endommagées par l’incendie de 1547.

Au milieu du XVe siècle, la population de la Rus moscovite s’élève à dix millions de personnes, parmi lesquelles le nombre des citadins n’excède pas 2 %. Ce vaste territoire, peu peuplé, a besoin d’un système administratif permettant au tsar d’exploiter de façon plus efficace les ressources du pays. La doctrine politique en vigueur, qui fait du tsar autocrate l’incarnation du pouvoir divin, exige un renforcement de la centralisation. Le métropolite Macaire, qui exerce une immense influence sur Ivan, est un ardent « joséphien », prônant l’autocratie. Durant la première période de réformes, des voix de publicistes politiques laïcs s’élèvent, développant un modèle de tsar tout-puissant. Éminent diplomate, Fiodor Karpov estime ainsi que le tsar doit viser le « bien public » et qu’il peut, pour cela, recourir à « la terreur de la loi et de la vérité ». Toute la question est de savoir à qui s’appliquera la « loi » : aux « bons sujets », ou aux « mauvais »2 ? Ivan approuve entièrement cette définition de la « loi ». Il explique que son bras armé du glaive porte « la vengeance chez les scélérats et la louange chez les vertueux ». Un programme complet de réformes est proposé au tsar, dans un ensemble de « suppliques », par Ivan Peresvetov.

Noble lituanien arrivé à Moscou dans les années 1540, Ivachko Peresvetov (ainsi signe-t-il ses écrits), craignant d’attaquer de front les usages moscovites, imagine une utopie dans laquelle il dépeint le royaume idéal de Mehmet-Saltan (le sultan turc Mohammed II). Ivan Peresvetov ne sait pas grand-chose de la situation réelle dans l’empire du vainqueur de Constantinople. Mais cela ne l’émeut guère. Son utopie est d’abord, comme le veut la loi du genre, une critique d’un système existant, puis un projet de changement. Rejoignant Fiodor Karpov, Peresvetov prône avant tout la nécessité de la « terreur » : « Sans la terreur, le tsar n’est pas en mesure de tenir son royaume. » De même, impossible, sans elle, d’« instaurer… la vérité ». La terreur est nécessaire contre ceux qui font le mal. Pour Peresvetov, il est clair que tout le « mal », toutes les « offenses » et les « servitudes » de l’État viennent des boïars, des seigneurs. « Une terre asservie [par les boïars] est une terre où s’accomplit tout le mal : vol, brigandage et grand appauvrissement de tout le royaume3. »

Ivan Peresvetov propose une réforme radicale : la suppression du kormlenié, l’entretien des « hommes de service » par la population ; il suggère de retirer leurs terres à ceux qui bénéficient de ce système et de leur accorder en remplacement une rente annuelle. Le publiciste pense obtenir des citadins les moyens nécessaires à cette transformation, à condition d’instaurer des prix fixes sur les marchés. Peresvetov donne de nombreux autres conseils, en prenant pour modèle Mehmet-Saltan : il convient de s’appuyer sur de fidèles janissaires appointés, de s’entourer de conseillers très proches, sans lesquels aucune décision ne sera prise dans quelque domaine que ce soit.

Ivan Peresvetov livre son projet en 1549, au moment même où, après l’incendie de Moscou et l’émeute des citadins, le jeune tsar, entouré de nouveaux conseillers, entame des réformes. Les deux principaux conseils suggérés par Peresvetov ne peuvent que susciter l’intérêt d’Ivan : ils correspondent à ses idées et à son état d’esprit. Le premier concerne la méthode de gouvernement. Peresvetov le formule sous la forme d’un aphorisme : « Le tsar ne peut se passer de la terreur ; tel un cheval sans bride sous le tsar, est un royaume sans terreur. » Le second conseil porte sur les fondements de l’État : Peresvetov propose d’exproprier la terre. Quinze ans plus tard, le conseil sera d’actualité pour les « janissaires » ; le tsar leur donnera le nom d’opritchniks. Au début des années 1550, le second conseil sera, lui aussi, à l’ordre du jour.

En 1550, un Zemski sobor (Congrès de la Terre) est réuni sur la place Rouge à Moscou. Le protocole ne s’en est pas conservé et l’on en ignore la composition (les historiens en sont réduits aux suppositions). La chronique nous offre toutefois une relation du sobor et, l’année suivante, lorsqu’a lieu le Tserkovny sobor (concile de l’Église) des Cent Chapitres (Stoglav), Ivan évoque les propos qu’il a tenus sur la place Rouge. D’une part, le tsar propose, en 1550, à toutes les catégories sociales de faire la paix et de résoudre pacifiquement tous les différends. Le souverain semble ainsi tirer les leçons du passé et annoncer le début d’une ère nouvelle, durant laquelle les rênes du pouvoir seront entre ses mains. Pour Vassili Klioutchevski, « le premier Zemski sobor de Moscou est un acte de contrition du tsar et de la régence boïare, inouï dans l’histoire européenne ». Mais le même Klioutchevski rapporte les accusations lancées sur la place aux boïars présents : « Ô iniques concussionnaires et rapaces, qui tant vous faites mauvaise renommée ! Que nous répondrez, à présent, vous par qui tant de larmes ont coulé ? Je suis pur de ce sang, mais vous, attendez-vous au châtiment4. » Il est aisé de retrouver dans les propos du tsar (qu’il les ait vraiment prononcés ou que le chroniqueur en ait donné son interprétation), un écho des idées de Peresvetov.

Les réformes amorcées touchent aux fondements mêmes du système politique. En 1551, un concile a lieu, qui prend le nom de Stoglav, car ses décisions sont formulées en « cent chapitres ». Réunis dans un ouvrage intitulé à son tour les Cent Chapitres, ils sont une source inestimable pour les chercheurs qui se consacrent à l’époque d’Ivan IV le Terrible. En 1550, la Douma des boïars a entériné un nouveau code des lois, version remaniée du Soudiebnik de 1497, élaboré sous le règne d’Ivan III. Il traduit une volonté d’instaurer, dans la vie de l’État, l’uniformité d’un ordre juridique commun à toutes les couches de la société. Le Soudiebnik prévoit de sévères châtiments pour les juges qui ne seraient pas intègres, il poursuit la délation, soumet à des règles particulières l’application de la torture et les joutes oratoires des tribunaux. L’administration de ce temps, précisons-le, se limite presque entièrement à la fonction judiciaire. Aussi l’instauration d’un nouveau Soudiebnik est-elle un élément capital de la réforme administrative. On accélère la mise en place de prikazes (embryons de ministères) et les fonctions de leur bureaucratie se voient élargies, tandis que le pouvoir des namiestniks (fonctionnaires) bénéficiant du kormlenié est restreint. La situation des paysans, elle, demeure inchangée ; on conserve les normes de la Saint-Georges, qui laissent la possibilité de quitter un propriétaire pendant une durée de deux semaines, à la fin de l’automne.

Un an plus tard, en 1551, les Cent Chapitres envisagent la plupart des affaires de l’État et, pêle-mêle, certains problèmes de la vie quotidienne. Le miestnitchestvo – les querelles de préséance entre les boïars, dans les campagnes militaires – est interdit ; on décide de procéder à un inventaire des terres et de reconsidérer les domaines consentis aux « hommes de service », afin qu’il y ait accord entre les dimensions des propriétés accordées et les obligations de service.

Le concile ordonne de fermer les débits de boissons, apparus à cette époque à Moscou. Cette résolution est un épisode supplémentaire de la lutte que se livrent, depuis des siècles, intérêts de l’État et bonnes intentions. Le Vénitien Josaphat Barbaro note, en 1436, que le droit de fabriquer des boissons alcoolisées (hydromel et bière) appartient entièrement au Trésor et que le prince Ivan III veille jalousement à ce que ses intérêts ne soient pas lésés. Un siècle plus tard, l’Italien Alberto Campense, informant le pape Clément VII des affaires moscovites, ne manque pas de mentionner (1523) que les habitants de Moscou n’ont l’autorisation de boire que les jours de fêtes : « Ce travers national [l’ivrognerie] a contraint le souverain à interdire définitivement, sous peine des plus lourdes peines, l’usage de la bière et autres boissons fermentées, à la seule exception des jours fériés. » Herberstein rapportait déjà que le prince Vassili III tolérait que ses serviteurs boivent tout leur soûl, mais uniquement dans un faubourg de la ville spécialement prévu à cet effet et baptisé Nalivka (« liqueur »). Les débits avaient nom kortchma, on pouvait à la fois y boire et s’y restaurer.

Au XVIe siècle, la Russie moscovite fait connaissance avec la vodka. Inventée par les Arabes au IXe siècle (al-kohl), l’eau-de-vie pénètre en Europe occidentale au XIIIe siècle et, jusqu’au XVIe, n’est utilisée que comme médicament ; elle se vend d’ailleurs dans les pharmacies. À la fin du XIVe siècle, les Génois l’apportent en Russie méridionale puis, à compter de la première moitié du XVIe siècle, elle se répand dans tout le nord-est. Les établissements qui assurent la vente de cette boisson vouée à devenir incroyablement populaire, reçoivent le nom tatar de kabak. Ce mot, qui sera l’un des plus usités de la langue russe, a vu se modifier quelque peu son sens originel. Pour les Tatars, le kabak est une sorte d’auberge où l’on vend nourriture et boissons. Son homonyme russe ne propose que de la vodka. Sur l’ordre d’Ivan, le premier de ces kabaks est construit à proximité du Kremlin, sur un baltchoug (mot tatar, qui signifie : marais, fange)5. Il est d’un tel rapport qu’il réduit à néant les louables intentions du concile des Cent Chapitres, qui voulait liquider la nouvelle institution.

Le concile relève des erreurs de copistes dans les livres saints. Elles s’expliquent par l’ignorance du clergé, elle-même la conséquence de l’absence d’écoles. Le concile rappelle, nostalgique, qu’« autrefois, on trouvait des établissements d’enseignement dans le royaume de Russie, à Moscou et dans le Grand Novgorod, et que, dans d’autres villes, nombreux étaient ceux qui apprenaient à écrire, à chanter et à lire, aussi y avait-il beaucoup plus d’instruction ». On décide d’ouvrir une imprimerie à Moscou, où les livres seront réalisés d’après les modèles les plus exacts. En même temps, le concile condamne les ouvrages mécréants et hérétiques : le recueil de sagesse moyenâgeuse qui porte, en Russie, le nom d’Aristote, ainsi que les descriptions astronomiques d’Emmanuel Ben Jacob, intitulées le Chestokryl (Le Séraphin). De fait, presque toute la littérature profane est jugée hérétique…

La question des possessions domaniales de l’Église reste l’une des plus importantes. La querelle entre « thésauriseurs » et « non-thésauriseurs » continue d’être très vive. La terre est une richesse majeure et, plus le souverain en possède, plus il est puissant. Mais l’Église défend fermement ses biens. Le conflit s’achève sur une demi-mesure. En mai 1551, un oukaze (décret) du tsar confisque toutes les terres et domaines accordés par la Douma des Boïars aux évêques et monastères, après la mort de Vassili III. La loi interdit désormais à l’Église d’acquérir de nouvelles terres, sans en informer préalablement les autorités laïques. Les princes ne peuvent plus, abandonner leurs votchinas au profit de l’Église. Ainsi l’élargissement des possessions ecclésiastiques est-il stoppé. Mais on est encore loin de la sécularisation : les principales richesses domaniales de l’Église restent intactes.

De nombreuses autres résolutions du concile des Cent Chapitres ont un caractère de compromis. En outre, bien des décisions et réformes envisagées, n’existeront que sur le papier, ou n’aboutiront pas. Néanmoins, l’orientation de ces changements est évidente : on veut renforcer le pouvoir central et affaiblir les oudiels. Subissant une défaite dans un domaine, le gouvernement se rattrape dans un autre. L’Église conserve la majeure partie de ses terres, mais elle perd les tarkhanes, ces chartes qui l’exonéraient d’impôts. Le tsar la prive ainsi de privilèges dont elle jouissait depuis le temps des Tatars.

Les innovations apportées dans l’administration locale sont une illustration éloquente des réformes. Le système du kormlenié faisait de plus en plus la preuve de son inefficacité : les plaintes affluaient à Moscou, dénonçant le brigandage et le pillage, de même que l’inaction des responsables du cru (les bénéficiaires du kormlenié). Le tsar, en outre, avait promis publiquement, sur la place Rouge, d’en finir avec ce privilège des boïars. Néanmoins, la résistance de ces derniers – et les hésitations du tsar – étendront sur des années la liquidation du kormlenié. La réforme administrative effectuée au début des années 1550, se contente de l’affaiblir et de le limiter, en instaurant un système d’autogestion locale. La réforme des terres, comme les autres, n’est réalisée que partiellement et elle ne touche pas la totalité du pays ; quoi qu’il en soit, l’idée paradoxale qui la fonde – vers la centralisation par le biais de l’autogestion – met en lumière les grands traits du système politique de l’État moscovite. Première constatation : l’autogestion est décrétée et instaurée d’en haut. Arrondissements et districts ont désormais le droit de remplir les fonctions attribuées jusqu’alors au boïar bénéficiant du kormlenié (justice et collecte de la redevance). Toutefois, ce droit tout neuf est considéré comme une faveur (une libération du kormlenié) qu’il convient de payer au gouvernement. Ce dernier point contribuera à retarder l’application de la réforme, nombre de communautés rurales étant trop pauvres et peu peuplées pour s’offrir « l’autogestion ». La réforme, en outre, conserve le principe de caution solidaire pour les redevances d’État.

Le paradoxe de la réforme en révèle la grande finalité : englober l’ensemble de la population dans l’appareil autocratique d’État en construction. La France des XIIe-XIIIe siècles (Philippe Auguste, Louis X), l’Angleterre de la fin du XIIIe et du début du XIVe (Édouard Ier) avaient instauré, elles aussi, un système d’autogestion communautaire. La différence fondamentale avec la réforme entreprise en Moscovie, est que les pouvoirs locaux doivent désormais s’occuper des affaires de l’État tout entier, et non plus uniquement de celles de leur région. Ils sont en outre placés sous le contrôle du gouvernement central.

La réforme la plus importante est d’ordre militaire. Elle commence en 1550, date à laquelle, sur l’ordre du tsar, sont rassemblés mille des « meilleurs hommes de service », enfants de boïars et de nobles, pour former un « régiment moscovite ». Elle s’achève en 1556, par un oukaze du tsar : propriétaires terriens et détenteurs de votchinas sont placés à égalité devant le service des armes. Pour cent cinquante dessiatines6 de labours, le propriétaire terrien doit fournir à l’armée un guerrier, avec son équipement complet : « Un homme à cheval, avec armure complète et un cheval de rechange pour les lointaines destinations. »

Le caractère bâtard des autres réformes, leur inachèvement ont moins d’importance que le succès représenté par la nouvelle organisation de la chose militaire. « Le service des armes, écrit Vassili Klioutchevski, concentrait tous les aspects de l’action étatique, et les autres domaines – non militaires – de l’administration de l’État n’étaient que secondaires ; ils étaient cependant soumis aux intérêts de celui-ci, avaient vocation à le servir7. » Quatre siècles et demi plus tard, un publiciste moscovite, critiquant vivement les réformes démocratiques de Boris Eltsine, leur opposera « le bon vieux temps. Jusqu’à la perestroïka, la Russie (l’URSS) vivait, pour reprendre l’expression de Mendeleïev, “selon les lois du temps de guerre”, employant ses meilleures ressources aux besoins de l’armée. Quelle que soit la façon dont nous jugions cette politique aujourd’hui, elle n’était pas absurde et reposait sur un fondement historique solide8. » Scandalisé par la tyrannie d’Ivan IV le Terrible et condamnant les flots de sang versé, Nikolaï Karamzine note comme une réussite la création par le tsar d’« une armée roturière, telle qu’il n’y en eut jamais auparavant – innombrable, toujours prête9… »

La grande force militaire de l’État moscovite demeure la cavalerie, formée par les boïars, leurs enfants, les propriétaires terriens. Ils se présentent en armes et à cheval sur le lieu de rassemblement, fixé par le Razriadny prikaze (« ministère » chargé de l’armée). Pour la première fois en Russie, Ivan entreprend de former une armée permanente. Le noyau en est constitué par les streltsy (arquebusiers), dont il est fait une première mention en 1552, à propos de la campagne de Kazan. Il s’agit d’un type nouveau de force armée : les streltsy sont en effet recrutés parmi les hommes libres et doivent servir leur vie durant. Armés d’arquebuses et équipés à la manière ouest-européenne, ils sont la force de frappe de la troupe moscovite. L’infanterie fait son apparition. Les premiers canons avaient d’abord été importés de l’étranger, puis, sous le règne d’Ivan III, on en avait commencé la fabrication à Moscou. Selon le témoignage de l’ambassadeur anglais Giles Fletcher, pas un souverain chrétien de ce temps ne dispose d’une telle puissance de feu.

La nouvelle organisation de l’armée, qui dépend désormais directement et fortement du pouvoir central, donne au tsar des moyens supplémentaires pour renforcer la puissance autocratique. En perdant leur suprématie au sein de l’armée, les boïars perdent aussi leur importance politique et étatique. Le rôle des petits et moyens propriétaires, hommes de service, s’accroît en revanche.

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