Une fois la surprise passée, mon père a rebattu la campagne… Il a recommencé l’inventaire de tous mes défauts, un par un… Il recherchait les vices embusqués au fond de ma nature comme autant de phénomènes… Il poussait des cris diaboliques… Il repassait par les transes… Il se voyait persécuté par un carnaval de monstres… Il déconnait à pleine bourre… Il en avait pour tous les goûts… Des juifs… des intrigants… les Arrivistes… Et puis surtout des Francs-Maçons… Je ne sais pas ce qu’ils venaient faire par là… Il traquait partout des dadas… Il se démenait si fort dans le déluge, qu’il finissait par m’oublier…

Il s’attaquait à Lempreinte, l’affreux des gastrites… au Baron Méfaize, son directeur général… À n’importe qui et quoi, pourvu qu’il se trémousse et bouillonne… Il faisait un raffut horrible, tous les voisins se bidonnaient.

Ma mère se traînait à ses pieds… Il en finissait pas de rugir… Il retournait s’occuper de mon sort… Il me découvrait les pires indices… Des dévergondages inouïs ! Après tout, il se lavait les mains !… Comme Ponce Pilate !… qu’il disait… Il se déchargeait la conscience…

Ma mère me regardait… « son maudit »… Elle se faisait une triste raison… Elle voulait plus m’abandonner… Puisque c’était évident que je finirais sur l’échafaud, elle m’accompagnerait jusqu’au bout…

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