La manière que ça tourniquait, je sentais mon départ bien proche… J’ai encore cessé d’écrire… Je savais plus quoi dire, inventer… J’avais tout imaginé… J’en avais marre des salades… Le jeu valait plus la chandelle… Je préférais jouir de mon reste, sans être tracassé par des lettres. Mais depuis que le Jack était parti, c’était plus si drôle au dortoir… le petit saligaud, il suçait fort et parfaitement…

Je me branlais trop pour la Nora, ça me faisait la bite comme toute sèche… dans le silence, je me créais d’autres idées nouvelles… et des bien plus astucieuses, plus marioles et plus tentantes, des tendres à force… Avant de quitter le Meànwell, j’aurais voulu la voir la môme, quand elle travaillait son vieux… Ça me rongeait… ça me minait soudain de les admirer ensemble… ça me redonnait du rassis rien que d’y penser. Ce qu’il pouvait lui faire alors ?

J’étais déjà bon au vice… Seulement comme jeton, c’était pas des plus faciles… Ils avaient des chambres séparées… Lui, la sienne, c’était à droite, dans le couloir, juste auprès du « papillon… » Là, c’était assez pratique… Mais pour viser chez Nora, il aurait fallu que je sorte par l’autre côté du dortoir et puis encore prendre l’escalier… c’était après les lavabos… C’était difficile… compliqué…

Comment qu’ils baisaient ? Ça se passait-il chez lui ? chez elle ? Je me suis résolu… Je voulais tout de même me payer ça… J’avais attendu trop longtemps…

N’étant plus que cinq pensionnaires, on pouvait bien mieux circuler… D’ailleurs il venait même plus le soir le daron pour faire la prière… Les mômes s’endormaient très vite une fois qu’ils s’étaient réchauffés… J’ai attendu qu’ils roupillent, j’ai entendu les ronflements et puis j’ai renfilé ma culotte, j’ai fait semblant d’aller aux gogs… et alors sur la pointe des pieds…

En passant devant la porte du dab, je me suis abaissé d’un coup. J’ai regardé comme ça très vite dans le trou de la serrure… J’étais chocolat !…, La clef était pas retirée… Je continue ma promenade… Je vais comme pour aller pisser… Je retourne en vitesse… je me recouche… C’était pas fini ! Je me dis c’est le moment ou jamais ! Y avait pas un bruit dans la tôle… Je fais semblant d’en écraser… Je reste encore quelques minutes… palpitant mais silencieux… J’étais pas fou !… J’avais bien vu la lumière par le vasistas… Juste au-dessus de sa porte… C’était le même blot que rue Elzévir… Je me dis : « Là, si t’es paumé Toto, t’en entendras causer longtemps ! » Je prends des extrêmes précautions… Je transporte une chaise dans le couloir… Si je suis frit que j’apprêtais, je ferai d’abord le somnambule… Je pose ma chaise juste à l’appui et contre sa porte. J’attends, je me planque un petit peu… Je me colle bien au mur… J’entends dedans alors comme un choc… Comme un bruit de bois… qui vient taper contre un autre… Ça venait peut-être de son lit ?… J’équilibre encore le dossier… je me fais gravir au millimètre… Debout… encore plus doucement… J’arrive juste au ras du carreau… Ah ! Alors ! Pomme ! je vois tout à fait ! Je vois tout !… Je vois mon bonhomme… Il est affalé… comme ça vautré dans le creux du fauteuil… Mais il est absolument seul ! Je la vois pas la môme !… Ah ! il est à poil, dis donc !… Il est étalé tout épanoui devant son feu… Il en est même tout écarlate ! Il souffle tellement qu’il a chaud… Il est à poil jusqu’au bide… Il a gardé que son caleçon et puis sa houppelande, celle à plis, la magistrale, elle traîne sur le plancher derrière…

Le feu est vif et intense… Ça crépite dans toute la pièce !… Il est embrasé dans les lueurs, le vieux schnoque ! illuminé complètement… Il a pas l’air ennuyé… il a gardé son bonnet… le bibi à gland… Ah ! la vache ! Ça penche, ça bascule… Il le rattrape, il le renforce… Il est plus triste comme en classe… Il s’amuse tout seul… Il agite, il balance un bilboquet ! Un gros ! un colosse ! Il essaye de l’enfiler… Il loupe le coup, il rigole… Il se fâche pas… Son bonneton encore se débine… sa cape aussi… Il ramasse tout ça comme il peut… Il rote, il soupire… Il repose un peu son joujou… Il se verse un grand coup de liquide… Il sirote ça tout doucement… Je le revois alors le whisky !… Il en a même deux flacons à côté de lui sur le parquet… Et puis deux siphons en plus… à côté de sa main… et puis un pot de marmelade… en entier !… il fonce dedans à la grosse louche… il ramène… il s’en fout partout… il bâfre !… Il retourne à son bilboquet… il vide encore un autre verre… La ficelle se prend, s’embobine dans la roulette du fauteuil… Il tire dessus, il s’embarbouille… il grogne… il jubile… Il peut plus retrouver ses mains… Il est ligoté… Il en ricane, la sale andouille… Ça va !… Je redescends de mon truc… Je soulève tout doucement ma chaise… Je me reglisse comme ça dans le couloir… Personne a bougé encore… Je me refile au plume !…

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