Et puis c’est Antoine à son tour, qui est devenu assez courtois et même absolument copain… Lui qui faisait que nous engueuler, une semaine auparavant… Il devenait charmeur… Il voulait même plus que je descende, que je reparte au tapin… Il me disait comme ça :

« Reposez-vous !… Restez un peu à l’atelier… Intéressez-vous aux bricoles !… vous reprendrez la tournée plus tard !… »

On avait beau lanterner, l’épingle était quand même finie… Elle est revenue du polisseur. C’était mon tour de la livrer… À ce moment-là juste, la patronne elle a reçu une lettre de Gorloge… Il recommandait qu’on ne se presse pas… qu’on le garde à la maison le bijou… Qu’on attende un peu son retour. Qu’il irait lui-même le porter au petit Chinois… Qu’en attendant si j’y tenais, je pouvais le montrer le beau bijou, à quelques clients amateurs…

Du coup, je ne fus plus tranquille ! Tout le monde l’admirait, c’est un fait, ce petit magot… Il était bien réussi sur son petit pavois, « Câkya-Mouni » tout en or !… Ça faisait du métal quand même à dix-huit carats !… Surtout à l’époque dont je cause ! On ne pouvait pas rêver mieux !… Tous les voisins, des connaisseurs, ils sont venus faire des compliments… Ça faisait honneur à la maison !… Le client aurait pas à se plaindre !… Gorloge rentrait que dix jours plus tard… Ça me laissait encore bien du temps, pour le promener dans les boutiques…

« Ferdinand ! qu’elle m’a conseillé la patronne, laissez-le donc le soir ici, dans votre tiroir… Personne n’y touchera vous savez ! Vous le reprendrez le lendemain matin ! »

Je préférais le garder dans ma fouille, le remporter à la maison. Je trouvais ça bien plus consciencieux… Je mettais même des épingles doubles, une de nourrice, une énorme, et deux petites de chaque côté… Tout le monde rigolait. « Il la perdra pas ! » qu’ils disaient.

Загрузка...