Merci

De tous les mots en cinq lettres qui expriment du sentiment : cœur, amour, aimer, bonté, pitié, etc., merci est le plus fréquemment employé.

On dit merci pour un oui. Et même pour un non : non, merci.

On exprime sa gratitude à propos de tout et de rien : merci pour tout ; ce n’était rien, merci.

Il y a les pingres : je veux simplement vous dire merci ; et les généreux : merci mille fois ! Encore plus munificent : merci, mille fois merci !

La reconnaissance peut être étriquée : un petit merci, ou ample : un grand merci.

Dans notre société en proie à la surenchère, un modeste merci ne suffit plus. Il faut lui donner du volume. Il faut l’accompagner d’un autre mot qui doit procurer à celui à qui va le remerciement le sentiment que la personne obligée est vraiment très obligée. C’est pourquoi l’on dit : merci bien, merci merci, merci à vous, merci beaucoup. Aucun animateur de radio et de télévision ne prend congé de ses interlocuteurs sans les remercier beaucoup et, parfois même, beaucoup beaucoup. Le merci beaucoup est devenu si banal qu’il va falloir trouver un renchérissement dans les mots avec lesquels le service ou le compliment sera payé. On attend les propositions. Dieu merci, il y en aura. Merci d’avance.

À propos…

On nous rebat les oreilles ; on nous bouche la vue ; on nous empeste ; on nous détourne ; on nous fait attendre ; on nous demande de revenir ; on nous refoule ; on nous menace ; on nous sollicite ; on nous met en garde ; on nous pompe l’air ; on nous casse les couilles. Et, chaque fois, le même panneau : « Merci de votre compréhension. » Cette formule, si souvent reproduite et affichée qu’elle en devient insupportable, ne pourrait-on en changer de temps en temps ? Merci de votre compréhension.


Raccourci abrupt, mais poli :

« Merci !

— C’est moi ! »

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