Philistin

Un philistin est une personne obtuse, qui se fiche des arts et des lettres et qui ne craint pas d’afficher son mauvais goût. Le mot a disparu des textes et des conversations. Heureusement, Nabokov veillait. Il l’emploie d’abondance dans ses commentaires sur Madame Bovary : « Lorsqu’il ne signifie pas tout bonnement “citadin” (qui habite le bourg), “bourgeois”, pour Flaubert, veut dire “philistin”, personne qui ne se préoccupe que de l’aspect matériel des choses et n’adhère qu’aux valeurs conventionnelles » (Littératures).

Pour Nabokov, un fonctionnaire soviétique, à quelque niveau qu’il se trouvât, représentait « le type parfait de l’esprit bourgeois, du philistin ».

Quand il analyse Du côté de chez Swann, de Marcel Proust, il qualifie le salon de Mme Verdurin de « philistin ».

Vladimir Nabokov détestait tellement les philistins qu’il leur a consacré un texte spécial intitulé « Des philistins et du philistinisme ». Il commence ainsi : « Un philistin est un adulte dont les ambitions sont de nature matérialiste et ordinaire, et dont la mentalité épouse les idées toutes faites et les idéaux conformistes de son milieu et de son temps. » Il relève en particulier qu’un philistin est souvent un snob. « La fortune et le rang social l’hypnotisent. Chéri, tu sais, j’ai vraiment parlé à une duchesse !” »

À propos…

Les Philistins sont des Indo-Européens. Ils se sont installés sur la côte de la Palestine (le pays des Philistins). C’est David (vers 1010-vers 970 av. J.-C.), à la tête des Israélites, qui les vainquit et les asservit. Mais si le mot philistin est devenu péjoratif, c’est à cause des étudiants allemands qui, dans leur argot, appelaient Philister « celui qui n’a pas fréquenté les universités ».

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