Courriériste

« Et vous faites quoi au Figaro littéraire ?

— Je suis courriériste », répondais-je avec fierté.

Aujourd’hui, même les journalistes ignorent l’existence de ce terme professionnel qui désigne ceux qui transmettent aux lecteurs, sous forme de billets, d’échos, de chroniques, des nouvelles relevant d’un domaine bien précis : le théâtre, la politique, les lettres, la mode, etc. Quand j’étais jeune courriériste littéraire, de mes rendez-vous chez les éditeurs, de mes déjeuners avec des attachées de presse et des écrivains, des lieux où se décernaient les prix, où se donnaient des cocktails, des conférences, je rapportais du « courrier » que je transformais ensuite en articles.

Dans la presse du XIXe siècle et du début du XXe, les courriéristes mondains et politiques étaient des journalistes d’expérience, réputés. Leurs informations déclenchaient des tempêtes et des duels. Relire Balzac. Les courriéristes du théâtre hantaient les loges et les alcôves. Les paparazzis sont leurs successeurs. À cette différence que les coulisses des stars se sont étendues à leur domicile privé, à la rue, aux aéroports, aux hôtels, aux plages du monde entier. On pourrait appeler les photographes et les reporters qui tiennent la chronique de cette traque — réunion d’un mot oublié et d’un mot à la mode — des « courriéristes people ».

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