Raspaillette (à la)

À la pétanque, le joueur qui tire à la raspaillette ne cherche pas à frapper directement la boule adverse, « en plein fer » comme disent les spécialistes. Il se contente de la lancer dans la direction souhaitée en la laissant rouler et rebondir et en espérant qu’au passage elle dégommera la boule visée. Tirer à la raspaillette (du provençal raspaieto, par ricochet) est autorisé, mais peu glorieux. Un tir à la raspaillette, même gagnant, est moqué par les « vrais » joueurs de pétanque.

J’ai entendu, de mes oreilles entendu, prononcer de nombreuses fois cette expression provençale à Addis-Abeba, sur la place de la gare, tandis que se déroulait un concours organisé par le club de pétanque du Cercle des cheminots. La France a construit la ligne de chemin de fer qui relie Djibouti à Addis-Abeba. Il en reste encore quelques vestiges qui rappellent que le français était la langue officielle de la compagnie et que la plupart des employés étaient tenus de la parler. Ce sont ces vieux cheminots qui lançaient leurs boules en s’exprimant soit dans un français un peu oublié, soit dans un amharique truffé de mots là-bas très exotiques comme « cochonnet », « pointer », « carreau ». Et le populaire « à la raspaillette » que des joueurs plus jeunes avaient appris de leurs aînés et qu’ils utilisaient pour moquer l’impossibilité de ceux-ci à désormais tirer avec force, en levant haut la main.

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