Rhinocéros

Il est bon que l’orthographe complexe du nom de certains animaux soit en concordance avec leur morphologie. Ainsi, la tête archaïque du rhinocéros s’accommode-t-elle bien de la première syllabe de son nom, la lettre h apparemment inutile s’intercalant entre le r et le i. Le rinocéros serait banal, sans mystère. Avec le rhinocéros, on voit pointer sur sa gueule ses deux défenses énigmatiques. La préhistoire s’inscrit dans son corps et dans son identité.

La tête de l’hippopotame n’est pas mal non plus. Le h qui ouvre son nom en est le contrepoint écrit.

En revanche, le minuscule é au début du mot éléphant est sans commune mesure avec la tête volumineuse du pachyderme, ses vastes oreilles, sa trompe, ses défenses, sa phénoménale mémoire. Avec un h, l’héléphant aurait sur le papier beaucoup plus de poids, une tête conforme à sa nature. Un troupeau d’héléphants, la charge des héléphants, les héléphants d’Hannibal (imagine-t-on Hannibal sans h ? C’est toute la bravoure du Carthaginois qui ficherait le camp), le cimetière des héléphants…

Le mammouth, lui, est gâté. Trois m sur huit lettres lui donnent un cubage, une assise, une puissance d’animal réellement fantastique.

Difficile d’écrire sans faute le nom bizarre de l’ornithorynque. Avec son bec de canard, ses fuselage et pelage de loutre, sa queue plate de pale d’aviron, n’est-il pas lui-même d’une étrange anatomie ?

Quant aux dinosaures, tels le tricératops, le tyrannosaure ou le deinonychus, leurs noms sont des horreurs en terrifiante harmonie avec leur monstrueuse apparence. Nos ancêtres les hominidés francophones ne pouvaient pas s’y tromper…

> Hippopotame, Libellule

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