Rock’n’roll

Ah, ce que j’aurais aimé être rock’n’roll ! Qu’on dise de moi : « Regarde-le, écoute-le, il est très rock’n’roll ! » Pas rock and roll, qui fait appliqué, plouc. Encore moins rock, franchouillard. Non, rock’n’roll, à prononcer avec l’accent d’Elvis, d’Eddie (Cochran) ou, à tout le moins, de Johnny. Rock’n’roll, avec ses deux apostrophes qui décoiffent, sa graphie explosive, son américanisme tonitruant.

M’habiller rock’n’roll, il n’y fallait pas songer. Déjà qu’avec un foulard dans la chemise je ressemble à un pélican qui a oublié de rentrer son jabot ! Alors, avec du gominé, du cuir, des clous, des chaînes, des bagouzes, de quoi aurais-je eu l’air ? D’un bourgeois qui fait un extra à la Techno Parade.

C’est l’esprit rock’n’roll que j’aurais aimé posséder. Avec une rock’n’roll attitude. C’est-à-dire ? Préférer le rythme à la sagesse, la cadence à la morale, le tempo à la raison, le balancement à la quiétude, la scansion aux bonnes manières. La vie comme la musique rock’n’roll : à quatre temps, en appuyant fort sur le deuxième, le risque, et sur le quatrième, la jouissance. Les deux autres temps ? L’amour et l’amour ! Waouh !

Plusieurs fois j’ai rêvé que je menais une existence rock’n’roll. Je rêvais que je dormais le jour et vivais la nuit.

Je me réveillais épuisé, la bouche puant le whisky et la vodka, les narines en feu, sur les genoux et cependant battant la mesure des deux pieds (métaphore rock’n’roll). Il me fallait une bonne journée bien tranquille, bien pépère, pour me remettre de cette folle nuit rock’n’roll passée sous la couette.

> Désinvolte

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