Raccord (c’est)

« C’est raccord », dit la scripte. Expression employée au cinéma et à la télévision pour indiquer que deux scènes qui n’ont pas été tournées à la suite ne présentent aucune différence dans le décor et l’apparence des personnages, et peuvent donc être raccordées au montage.

Au figuré, l’expression est pratique. On écrira du président de la République et de son Premier ministre que, sur telle affaire politique, ils sont raccord ou ne sont pas raccord. Les dissensions à la tête des entreprises viennent de ce que leurs dirigeants, après avoir adopté et mené ensemble une stratégie économique, divergent dans leurs conclusions et leurs nouveaux plans. Ils ne sont plus raccord. Ils ne sont plus d’accord.

C’est dans l’amour qu’ « être raccord » présente à la longue le plus de difficultés. Dans les premiers temps de la passion, on est raccord sur tout, matin et soir. Gestes et paroles s’enchaînent naturellement. Pas besoin d’une scripte pour signaler une anomalie, une bizarrerie. Il n’y en a pas. Je t’aime, tu m’aimes : c’est raccord !

Et puis, au fil du temps, s’installent peu à peu les nuances, les variantes, les écarts, les distances, les particularités, les différences. Le couple est de moins en moins raccord. Ils le constatent. Ils se le disent. Ça les navre. Ils vont faire un effort. Quand ils sont pour une fois à l’unisson, ils disent : « Là-dessus, on est raccord. » Pas bon signe. Il y a désormais entre eux une scripte qui les surveille. Le film ira-t-il jusqu’au bout ?

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