Mot

D’un radin des mots : « Le directeur m’a envoyé un petit mot pour que je dise un mot à la fin du repas. J’ai la réputation d’avoir toujours un mot d’esprit ou un mot d’auteur à placer. Et, quand on a bien bu, un mot pour rire. Mais j’en ai marre — j’ai failli dire un gros mot ! Sous prétexte que j’aime glisser un mot çà et là et que j’ai souvent le dernier mot, mes collègues de travail se sont donné le mot pour me prier de torcher un mot à notre directeur, justement, sur, au bas mot, ses entourloupettes. Lâchons le mot : ses escroqueries ! Mais je ne sais pas un traître mot de cette affaire et ce n’est pas demain qu’on connaîtra le fin mot de l’histoire. Aussi ma décision est-elle prise : pas un mot ! »

Quelle largesse, Corneille, quelle générosité, avec sa célèbre apostrophe : « À moi, comte, deux mots ! »

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